Lors d’une première journée d’audience mardi, les sénateurs américains ont voté la poursuite du procès de l’ancien président Donald Trump dans le cadre de la procédure de destitution, même s’il a quitté la Maison Blanche et n’est plus qu’un simple citoyen.
Une majorité de sénateurs américains (56 contre 44) ont voté, mardi 9 février, pour que se déroule dans son intégralité le procès en destitution contre l’ancien président républicain Donald Trump, en soutenant l’argument présenté par les démocrates selon lesquels la Constitution autorise une telle procédure.
Les avocats de Donald Trump, dont le mandat présidentiel a pris fin le 20 janvier, défendaient l’argument que leur client ne pouvait pas être jugé par le Sénat puisqu’il n’était plus en fonction à la Maison Blanche.
La Chambre des représentants a mis le mois dernier Donald Trump en accusation pour la seconde fois, lui reprochant d’avoir « incité à l’insurrection » le 6 janvier, quand ses partisans ont mené une attaque contre le Capitole à Washington.
Durant la séance de mardi, les procureurs démocrates ont fait revivre à l’Amérique les violences du Capitole, vidéo choc à l’appui. Donald Trump s’est rendu coupable « d’un délit constitutionnel effroyable, a lancé le chef des « procureurs » démocrates, Jamie Raskin, dans le même hémicycle du Sénat où s’étaient précipités les manifestants pro-Trump le jour de la certification des résultats de l’élection présidentielle.
Ce procès, une « instrumentalisation politique », va « déchirer » le pays, a rétorqué un avocat du 45e président des États-Unis, David Schoen. Car « de nombreux Américains le voient pour ce qu’il est : une tentative par un groupe de politiciens d’écarter Donald Trump de la vie politique ». Derrière cette intention, la « peur » que les Américains le réélisent en 2024, a affirmé son autre avocat, Bruce Castor.
« Nous vous aimons »
En ouverture de leur réquisitoire, les démocrates ont diffusé une longue vidéo choc, mettant en perspective des séquences menant vers l’attaque sanglante :
– Le discours de Donald Trump appelant ses milliers de partisans à manifester vers le Capitole, siège du Congrès. « Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles », avait-il lancé à la foule chauffée à blanc.
– L’ouverture empreinte de solennité des séances parlementaires pour certifier la victoire de son rival à la présidentielle Joe Biden.
– Et les images des manifestants entrant de force au Capitole, arpentant ses couloirs pendant que les élus, et le vice-président Mike Pence, étaient évacués du Sénat ou se terraient dans les galeries de la Chambre des représentants.
Tout en rappelant que deux heures plus tard, Donald Trump avait tweeté une vidéo martelant encore, sans preuve, que l’élection était une « fraude ». S’il appelait les manifestants à rentrer chez eux, il ajoutait : « Nous vous aimons ».
Si ces faits, « concrets et solides », ne sont « pas passibles d’une procédure de destitution, alors rien ne l’est », a conclu le député Jamie Raskin, dans un discours très ému.
Acquittement fort probable
Situation inédite, les sénateurs qui font office de jurés furent aussi les victimes de l’attaque. Un point que les « procureurs » démocrates ont souligné. « Les présidents ne peuvent pas alimenter une insurrection dans leurs dernières semaines (de mandat) puis partir comme si de rien n’était », a insisté un autre démocrate, Joe Neguse, en réponse à l’argument principal de la défense.
Selon les avocats de Donald Trump, il est en effet « absurde et anticonstitutionnel » de mener un procès en destitution contre un ex-président, car ce « simple citoyen » ne peut, tout simplement, pas être destitué. Un argument repris par de nombreux sénateurs républicains.
Si cette question constitutionnelle a été tranchée par un vote à la majorité simple mardi soir, un verdict de culpabilité impose en revanche une majorité des deux tiers. Or même si certains républicains sont susceptibles de voter avec les démocrates, la barre semble difficile à atteindre et Donald Trump a toutes les chances d’être acquitté, peut-être dès le début de la semaine prochaine.
Le procès reprendra mercredi à midi (17 h GMT), avec l’exposé des faits, chaque partie disposant de seize heures. (France24/Afp)