Le cinéma ivoirien est représenté dans l’une des productions cinématographiques sur la plateforme Netflix. Il s’agit de Fargass Assandé. Pour la première fois depuis la sortie de la série « Lupin ».
Votre actualité, c’est votre participation dans la série « Lupin ». Comment cela a pu être possible ?
J’étais à Abidjan pour le tournage de Cacao et j’ai reçu un message d’une agence parisienne sur Facebook qui m’invitait à un Casting. J’ai été sélectionné et voilà. Ils ont dû fouiller un peu sur Internet pour voir ce que j’avais déjà fait.
De quoi parle cette série ?
En 1995, Babakar Diop, employé au service de la famille Pélligrini, est accusé et incarcéré. Il meurt en prison pour un délit qu’il n’a pas commis. 25 ans plus tard, Inspiré par les aventures d’Arsène Lupin, Assane Diop, son fils, décide de venger son père de cette terrible injustice. Il organise le vol d’un collier ayant appartenu à Marie Antoinette d’Autriche et aujourd’hui, propriété de la riche famille Pellegrini. Utilisant la science du gentleman cambrioleur aux multiples facettes pour échapper à la police, Assane tente également de s’occuper davantage de son fils Raoul, qui vit aujourd’hui avec son ex-petite amie Claire.
Est-ce le projet cinématographique le plus important de votre carrière ?
C’est un des projets cinématographiques les plus importants de ma carrière. Et il y en aura d’autres. Mais à ce jour, c’est la production la plus médiatisée. Lupin, c’est toute la planète qui en parle. C’est une grosse production de Gaumont (France) et Netflix et c’est enfin une équipe de techniciens rompus aux arcanes du cinéma.
Vous avez joué aux côtés d’acteurs comme Omar Sy, Ludovine Sagnier et autres. Comment vous ont-ils accueilli ?
Dans la courtoisie, le respect de notre métier. Vous savez, ceux qui savent restent humbles. Des interprètes aux techniciens en passant par Louis Leterrier, le réalisateur, chacun était membre de cette grande famille de pensée pour dire Lupin.
Comment réagissez-vous au fait que « Lupin » est en train de battre des records ?
Je partage le bonheur de toute l’équipe. On travaille en donnant le meilleur de nous et quand le résultat est salué comme c’est le cas, on en tire joie et fierté. Ça ouvre des perspectives et on croise les doigts pour la suite.
Vous êtes le premier acteur ivoirien à figurer dans une production Netflix. Qu’est-ce que cela vous fait ?
C’est un honneur de partager le plateau avec des pensionnaires, sociétaires de la comédie française et des sommités du cinéma dans cette série qui place pour la première fois la France à la première place au box-office mondial. C’est une fierté de rappeler que mon pays participe à travers moi à ce triomphe. C’est enfin un clin d’œil à nos autorités en Côte d’Ivoire pour soutenir nos projets car, il y a, j’en suis certain, des Fargass dans cette jeunesse mouvante et férue de cinéma et de théâtre en Côte d’Ivoire.
Vous avez 58 ans et c’est maintenant que le monde entier découvre votre immense talent. Avez-vous le sentiment que ça arrive un peu tard ?
Rien n’arrive tard. Je suis plutôt reconnaissant à Dieu qui orchestre et sait tout. Je lui dis merci pour son œuvre dans ma vie et je lui demande de faire briller davantage mon soleil. Non, tout arrive à temps, en heure selon Sa volonté.
Jouer dans une production internationale faisait-il partie de vos rêves ?
Tout artiste n’aspire qu’à cela. C’est un rêve partagé qui se réalise ou pas ; mais on ne peut pas être artiste si on ne rêve pas. Ceux que j’ai encadrés et formés savent que j’ai toujours exigé qu’ils soient les meilleurs, jamais les seconds. Mon rêve a toujours été d’être meilleur et je l’inculque à mes élèves et à mes enfants.
Vous qui avez aujourd’hui l’expérience internationale, quel regard portez-vous sur le cinéma africain et ivoirien en particulier ?
Ne disposant pas d’informations fiables au plan africain, je parlerai avec plus d’aisance du cinéma dans mon pays. Je suis admiratif de cette jeunesse qui, dans des conditions pas toujours idéales, faute de moyens financiers et techniques, réalise des prouesses. La relève est brillamment assurée, en témoignent les films qu’elle réalise. Mais force est de constater que nous compétissons souvent avec des productions qui coûtent cinq ou huit cent millions. Que faire avec nos dix millions ? La différence est à ce niveau. A moi et à tous ces jeunes, je souhaite un regard, un soutien affirmé de nos autorités qui s’impliquent déjà mais pourraient faire encore plus pour aider à l’éclosion de nos projets qui, je n’en doute point, hisseront le cinéma ivoirien à la place qui lui revient.
Remontons le temps. Comment êtes-vous arrivé dans le cinéma ?
Comme ça, par un heureux hasard. Je faisais déjà du théâtre et en 1993, si je ne me trompe pas, j’ai participé au casting de Wariko de Fadika Kramo-Lanciné. J’ai fait mon premier rôle policier et c’est véritablement feu Henri Duparc qui, au moment où la quasi-totalité des réalisateurs me regardait à peine, m’a donné ma chance et cela, à divers postes de la fabrique du cinéma (de la régie, à la direction d’acteurs, du casting à la réalisation…) Le Fargass du cinéma lui doit tout.
Etes-vous satisfait de votre parcours ?
Oui, je le suis. Je témoigne d’un excellent parcours au théâtre comme comédien, auteur et metteur en scène dans tous les pays francophones d’Afrique, en Europe (France, Belgique, Suisse, Québec… en Asie et aux Etats Unis, je suis pédagogue et dispense des cours et ateliers de Théâtre dans plusieurs villes du monde. Au cinéma, je suis prix d’interprétation masculine au Fespaco (Burkina) et à Ecrans Noirs (Cameroun), je joue dans des productions respectables… j’ai des projets. Je suis en bonne santé. Que demander de plus ? Gloire à Dieu !
Quelle est la plus belle expérience cinématographique de votre carrière ?
Il y en a plusieurs. Et je suis incapable de faire un choix dans des expériences qui ne font que commencer.
Quelle a été votre plus grosse déception ?
Je n’ai pas de déception. J’ai un regret qui se décline dans le manque ou le peu de moyens de production et de diffusions des œuvres de nos pays africains. J’espère que les programmes de gouvernements actuels et à venir tiendront compte de la culture et les arts comme industrie importante dans le processus de développement de nos pays et l’épanouissement de nos populations
Après « Lupin », c’est quoi le prochain gros coup ? Hollywood peut-être ?
Pourquoi pas ? Que Dieu vous entende. Je rêve effectivement et fortement d’Hollywood. Je rêve grand, j’ai des rêves d’éléphant. (Abidjan.net)