Un tribunal malien a mis fin sans verdict lundi au procès pour assassinats d’Amadou Sanogo, meneur d’un putsch en 2012, et d’une quinzaine de co-accusés, confirmant les craintes des défenseurs des droits humains après des années d’atermoiements.
La cour a invoqué une loi controversée adoptée en 2019 au nom de la réconciliation et offrant une possibilité d’amnistie ou de grâce aux auteurs de certains crimes perpétrés pendant la crise de 2012, ainsi qu’un accord de dédommagement conclu entre l’Etat et les parties civiles.
« Sur la base de la loi d’entente et du protocole d’accord signé entre le gouvernement de la République et les victimes, la cour ordonne que l’action soit éteinte contre les inculpés, qu’ils soient immédiatement libérés si aucune autre charge n’est retenue contre eux », a annoncé le président de la cour, Gaoussou Sanou.
Amadou Sanogo et ses co-accusés avaient déjà été relâchés en janvier 2020 après six ans de détention.
Sauf pourvoi du ministère public, cette décision met un terme à un procès qui n’aura cessé d’embarrasser le pouvoir, inquiet des dissensions qu’il pouvait susciter au sein d’une armée par ailleurs confrontée aux jihadistes, et de la comparution, parmi les accusés, d’un ministre de la Défense.
Le procès s’achève alors que le Mali est dirigé par des autorités de transition dominées par des militaires eux-mêmes auteurs d’un coup d’Etat qui a renversé le pouvoir civil en août 2020.
Cette décision était attendue depuis que le procès était sorti la semaine passée des limbes dans lesquels il avait été maintenu pendant des années.
Un collectif d’avocats avait alors annoncé le désistement des parties civiles, arguant d’un arrangement conclu avec l’Etat l’an dernier et en cours d’exécution pour l’indemnisation de ses clients.
La procédure s’était enlisée aussitôt après son ouverture en novembre 2016.
Depuis, les défenseurs des droits humains n’ont cessé d’exprimer leur préoccupation qu’elle aboutisse à la décision finalement rendue lundi et ne crée un précédent, dans un pays en pleine tourmente où sont constamment dénoncées des exactions de toutes parts, y compris de la part des forces armées… (Afp)