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« C’est celui qui le dit qui l’est ! » : on vous résume les joutes verbales entre Biden et Poutine en quatre actes

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Le président russe a proposé jeudi à son homologue américain une discussion diffusée en direct, après plusieurs déclarations assez peu diplomatiques de part et d’autre. Il n’a, pour l’instant, pas reçu de réponse de la Maison Blanche.

La relation entre Joe Biden et Vladimir Poutine ne se présente pas sous les meilleurs auspices. Deux mois après son investiture, le nouveau président des Etats-Unis s’est livré ces derniers jours à des échanges tendus avec son homologue du Kremlin. Avec, pour mettre le feu aux poudres, ce « oui » du président américain, mercredi 17 mars, en réponse à une question d’un journaliste lui demandant s’il pensait que le président russe était un « tueur ». De quoi jeter un froid.

« C’est celui qui le dit qui l’est ! »a répliqué Vladimir Poutine jeudi, dans une ambiance de cour d’école, proposant à Joe Biden une discussion diffusée en direct dans les prochains jours. Moscou a dans le même temps rappelé son ambassadeur à Washington, geste de défiance inédit depuis 1998. Comment en est-on arrivé là ? Franceinfo vous résume cette passe d’armes étape par étape.

Acte 1 : Une relation fraîche dès l’élection de Biden

Si beaucoup de dirigeants de la planète ont félicité Joe Biden dans les jours qui ont suivi le scrutin présidentiel américain du 4 novembre, Vladimir Poutine est un des rares à avoir attendu le vote du collège électoral américain, le 15 décembre, estimant que les résultats, contestés par Donald Trump, étaient auparavant trop incertains.

Soulignant ses « désaccords » avec Washington dans son message, il a cependant affiché, dans son discours, une volonté de collaboration avec les Etats-Unis. Quand un de ses ministres a qualifié l’administration Biden de « russophobe » en décembre, Vladimir Poutine s’est montré plus mesuré, estimant que les relations russo-américaines ne deviendraient pas plus difficiles après le départ de Donald Trump. Lors des premiers jours de la présidence Biden, Vladimir Poutine a également ratifié la prolongation, incertaine, du traité New Start de limitation des armements nucléaires entre les deux pays.

Face à lui, Joe Biden s’est efforcé de marquer sa différence avec son prédécesseur, accusé de complaisance, voire de collusion, avec Moscou. « J’ai clairement dit au président Poutine, d’une façon très différente de mon prédécesseur, que le temps où les Etats-Unis se soumettaient face aux actes agressifs de la Russie (…) était révolu », a-t-il lancé en février après son premier échange téléphonique avec son homologue russe.

Pour son premier discours de politique étrangère, le président américain a accusé le Kremlin « d’[attaquer] nos démocraties », quelques semaines après la découverte d’une cyberattaque visant les Etats-Unis et dont la Russie est soupçonnée d’être à l’origine. Puis Washington a adopté des sanctions contre sept responsables russes, en réponse à l’empoisonnement d’Alexeï Navalny, principal opposant à Vladimir Poutine, condamné et emprisonné depuis.

Acte 2 : Biden qualifie Poutine de « tueur »

C’est dans ce contexte que Joe Biden a déclenché l’ire de la Russie, en qualifiant Vladimir Poutine de « tueur », mercredi. Le président américain n’a pas employé le terme lui-même, mais a répondu « oui » à cette question du journaliste George Stephanopoulos sur la chaîne américaine ABC : « Pensez-vous que c’est un tueur ? »

« Vous verrez bientôt le prix qu’il va payer », a ajouté le nouveau pensionnaire de la Maison Blanche, sans apporter davantage de détails, ni expliciter si son accusation portait sur la tentative d’assassinat d’Alexeï Navalny, dont Washington juge Moscou responsable. Il est aussi revenu sur son entretien téléphonique avec Vladimir Poutine : « Au début de la conversation, je lui ai dit : ‘Je vous connais et vous me connaissez. Si j’en viens à la conclusion que vous avez fait cela, soyez prêt' », a-t-il rapporté.

Acte 3 : le Kremlin réagit vivement, la Maison Blanche maintient

En Russie, les réactions n’ont évidemment pas tardé. « Poutine est notre président et une attaque contre lui, c’est une attaque contre notre pays », a écrit mercredi sur son compte Telegram Viatcheslav Volodine, président de la chambre basse du Parlement et proche du chef de l’Etat. « Les propos du président américain sont très mauvais, il ne veut clairement pas améliorer les relations avec notre pays », a embrayé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « C’est de ce principe que nous allons désormais partir ».

La présidence russe a également annoncé qu’elle rappelait son ambassadeur à Washington, qui partira samedi pour des consultations « sur les moyens de corriger la relation russo-américaine », selon son ambassade. Ce geste diplomatique très symbolique ne s’était pas produit depuis 1998.

Interrogée sur la possibilité que Joe Biden regrette ses propos, sa porte-parole, Jen Psaki, a assuré que ce n’était pas le cas : « Non, le président a répondu de manière directe à une question directe. » En revanche, le département d’Etat américain a affirmé à l’AFP qu’il ne prévoyait pas de rappeler son propre ambassadeur à Moscou en réponse à la décision russe.

Acte 4 : Poutine propose à Biden une explication en direct

Silencieux depuis la veille, le président russe a répliqué jeudi, en deux temps, dans des propos diffusés par la télévision russe. D’abord en balayant les accusations de Joe Biden, dans une forme surprenante : « C’est celui qui le dit qui l’est ! Ce n’est pas juste une expression enfantine (…), nous voyons toujours en l’autre nos propres caractéristiques ». « Nous défendrons nos propres intérêts et nous travaillerons avec [les Américains] aux conditions qui nous seront avantageuses », a ajouté Vladimir Poutine.

Ensuite, il a lancé à son homologue américain une invitation aux airs de défi : « Je voudrais proposer au président Biden de poursuivre notre discussion, mais à condition que nous le fassions en direct, en ligne comme on dit. » Le président russe juge que « cela serait intéressant pour le peuple russe, le peuple américain et pour beaucoup d’autres pays », et a proposé que l’entretien public se tienne « sans délai », vendredi ou lundi. Vendredi après-midi (à la mi-journée à Washington), la Maison Blanche n’avait pas encore répondu à sa proposition. (FranceInfo)

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