Le gouvernement guinéen a annoncé qu’une soixantaine de personnes seraient jugées en lien avec la contestation et les troubles qui ont accompagné la présidentielle et le référendum constitutionnel ayant débouché en 2020 sur un troisième mandat d’Alpha Condé à la tête de l’Etat.
Toutes ces personnes, parmi lesquelles des figures de l’opposition, passent pour être détenues depuis plusieurs mois.
Pays pauvre d’Afrique de l’Ouest malgré d’importantes ressources naturelles, la Guinée a été le théâtre entre octobre 2019 et octobre 2020 d’une intense agitation autour de la candidature de M. Condé, 83 ans aujourd’hui, à un troisième mandat. La contestation, menée par l’opposition et une partie de la société civile et plusieurs fois brutalement réprimée, a fait des dizaines de morts civils et quelques morts dans les forces de sécurité.
M. Condé a soumis en mars 2020 un projet de nouvelle Constitution à un référendum couplé à des législatives et émaillé de violences. L’adoption lui a permis d’invoquer cette nouvelle Constitution pour s’affranchir de la limite de deux mandats et se présenter à la présidentielle d’octobre 2020, à nouveau entourée de violences.
Il a été proclamé vainqueur par la Cour constitutionnelle. L’opposition a dénoncé un « coup d’Etat électoral ». Les Etats-Unis, la France et l’Union européenne ont émis des doutes sur la crédibilité de ces scrutins.
Des centaines de personnes ont été arrêtées au cours de la mobilisation et après la présidentielle, selon les défenseurs des droits humains.
Le porte-parole du gouvernement Tibou Kamara a indiqué vendredi soir dans un communiqué que 57 d’entre elles étaient renvoyées devant un tribunal. Huit d’entre elles seront jugées pour l’attaque d’un train minéralier dans laquelle trois gendarmes et un soldat avaient été tués dans un quartier périphérique de Conakry en proie aux heurts quelques jours après la présidentielle, a-t-il dit.
Le porte-parole évoque aussi le dossier d’Ibrahima Chérif Bah et Ousmane Gaoual Diallo, des responsables de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti dirigé par le principal challenger de M. Condé à la présidentielle, Cellou Dalein Diallo. Avec d’autres opposants, ils ont été arrêtés après la présidentielle et inculpés, selon leurs avocats, pour fabrication, détention et usage d’armes de guerre et légères, et atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation.
Quarante-neuf mis en cause seront jugés dans cette affaire, selon le porte-parole du gouvernement. Dans les deux dossiers, 40 personnes ont bénéficié d’un non-lieu et ont été relâchées, a-t-il ajouté.
Les défenseurs des droits humains dénoncent le durcissement autoritaire du régime de M. Condé. M. Condé « rassure l’opinion nationale et internationale » quant à son attachement « au respect des Droits de l’Homme et de la dignité humaine », assure le porte-parole. (Afp)