40 ans après sa mort, le 11 mai 1981, à l’âge de 36 ans, Bob Marley fait toujours l’unanimité auprès des Jamaïcains. Reportage.
Dans les yeux de Chris Blackwell, le fondateur de la maison de disque Island, label qui a révélé Bob Marley au monde entier, il y a bien plus que de la nostalgie. « Nous avons travaillé ensemble, fait des affaires, mais je peux dire que nous étions amis. C’est incroyable parce qu’il a touché le monde entier, le monde entier. » Amis et associés. Bob Marley avait même racheté la résidence de Chris Blackwell située dans les quartiers huppés de Kingston.
Sa petite amie de l’époque s’appelle Cindy Breakspeare, miss monde 1976 « Combien de fois pendant la pandémie j’ai vu des appels à la population de Londres pour dire : ce soir à 18H on sort sur nos balcons pour chanter « One Love » ou « Three little Birds » demande celle qui lui a donné un fils : Damian Marley. « On n’a pas ça avec Elvis Presley, Mickael Jackson n’y a pas droit. Bob est là-haut avec des gens comme Nelson Mandela, Martin Luther King, Gandhi. »
C’est ce que pensent de nombreux jamaïcains. 40 ans après sa mort Bob Marley fait toujours l’unanimité. Mais pas ses héritiers, son épouse Rita Marley et ses enfants, à qui on reproche l’utilisation du nom et de l’image de Bob Marley à des fins purement commerciales. D’autant que les Wailers, le groupe qui l’a accompagné dans le monde entier, n’ont reçu que des miettes de l’héritage. Judy Mowatt une des choristes de Bob Marley. « Quand Bob était vivant il s’occupait de bien de nous, aujourd’hui c’est comme si nous étions tout seuls. Parce qu’il n’a pas écrit mon nom dans son testament, mais de toute façon il n’a pas rédigé de testament. »
De son vivant Bob Marley préférait la poignée de main au contrat, la parole donnée à la signature. À sa mort ses musiciens, ses amis, tous ceux qui l’entouré et qui ont participé à son ascension se sont sentis floués, certains se sont même ruinés dans de longues procédures judiciaires. Colin Leslie ancien comptable de Bob Marley. « Toute cette souffrance vécue par ses amis, ses associés et ses musiciens est due à sa veuve Rita. Quand Bob est mort, elle a systématiquement écarté tous ses amis proches, autrement dit elle leur a coupé les vivres. »
Du jour au lendemain le clan Marley s’est retrouvé à la tête d’un empire
250 millions de disques vendus. Pour la seule année 2019, le chanteur jamaïcain a rapporté à ses héritiers près de 20 millions de dollars, selon le magazine économique américain Forbes, grâce notamment aux nombreux produits dérivés : T-shirts, briquets, casques audio ou platines. Une manne financière qui attise les convoitises mais qui suscite également la colère, au sein même de la famille Marley. Sa demi-sœur Claudette Livingstone, connue sous le nom de Pearl, rencontrée à Nine Mile le village natal de Bob Marley. « C’est dollars, dollars. Tout ce que Bob combattait, combien d’argent est généré chaque année : 20 millions ? Et où il va cet argent ? Je ne reçois aucune aide en ce moment, pas un sou. Pas un coup de fil. Je vais défendre mes droits. « C’est ce que disait Bob : ‘Debout, lève-toi pour tes droits ».
Même si une partie des bénéfices est reversée au profit d’œuvres caritatives, la gestion de l’héritage financier de Bob Marley révèle une marchandisation sans limite de son image contraire aux valeurs portées par l’artiste jamaïcain. Bob Marley. (FranceInter)