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Un ancien chef rebelle libérien condamné pour la première fois pour crimes de guerre

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L’ancien chef rebelle libérien Alieu Kosiah a été condamné ce vendredi pour crimes de guerre au Liberia. Le verdict a été rendu en Suisse, devant le Tribunal pénal fédéral. 

Au début des années 1990, quand le Liberia est à feu et à sang, Alieu Kosiah commande une milice au sein du mouvement armé Ulimo opposé aux rebelles de Charles Taylor. Il s’installe quelques années plus tard en Suisse, où il est arrêté en 2014. 

Au terme d’une procédure marathon, ralentie par l’épidémie d’Ebola puis par la pandémie de Covid-19, la justice pénale suisse a rendu ce vendredi une condamnation historique, en condamnant l’ancien chef rebelle libérien à 20 ans de prison pour crimes de guerre. 

Alieu Kosiah a été reconnu coupable de 21 des 25 chefs d’accusation, notamment d’avoir ordonné ou participé au meurtre de 17 civils et de deux soldats non armés. Il a été reconnu coupable de viol, d’avoir eu recours à des enfants-soldats, d’avoir ordonné des pillages et d’avoir infligé des « traitements cruels, inhumains et dégradants » à des civils.

La justice suisse s’est saisi du dossier en vertu de « la compétence universelle », un principe permettant de juger les personnes soupçonnées de crimes internationaux, quel que soit le lieu où ils ont été commis. C’est ce qui a permis notamment à la justice sénégalaise et à l’Union africaine de juger l’ancien président tchadien Hissène Habré.

Alieu Kosiah, qui se dit innocent, fera sans doute appel. Mais pour l’avocat Alain Werner, de l’ONG Civitas Maxima qui accompagne des victimes libériennes, cette condamnation est un tournant. « Pour le Liberia, c’est complètement historique. Charles Taylor a été condamné en Sierra Leone, son fils à Miami pour torture, mais jamais il n’y avait eu de condamnation pour crimes de guerre », fait-il valoir.

Aucun procès au Liberia

Entre 1989 et 2003, les deux guerres civiles libériennes ont fait plus de 250 000 morts. Aucun procès n’a eu lieu à ce jour au Liberia. En attendant, l’ONG Civitas Maxima porte d’autres affaires devant les tribunaux de pays où d’anciens chefs de guerre sont identifiés. En Finlande, notamment, et bientôt aussi en France. 

Les recommandations de la Commission vérité et réconciliation en 2009 sont en effet restées largement lettre morte, souvent au nom du maintien de la paix. Certains des chefs de guerre incriminés étant considérés comme des « héros » par leurs communautés, bon nombre d’entre eux occupent toujours des postes importants. Dernier exemple en date, celui de l’ex-chef de milice Prince Johnson, élu en mai dernier à un éminent poste parlementaire.

Quant à Charles Taylor, s’il  n’a pas été inquiété pour les atrocités commises au Liberia, il a  été condamné en 2012  à 50 ans de prison par un tribunal spécial de l’ONU pour les crimes commis  en Sierra Leone voisine  Quelques cas de poursuites pour les crimes commis au Liberia existent malgré tout à l’étranger. En 2009 « Chuckie » Taylor, fils de Charles Taylor, a été condamné aux Etats-Unis à 97 ans de prison.

Quant à celui que l’on surnommait « l’ange Gabriel », un chef rebelle sierra-léonais accusé d’une longue liste d’atrocités, son procès s’est ouvert en février en Finlande, avant d’être délocalisé de manière inédite sur le sol libérien. (rfi.fr)

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