Claire Ayivon, 25 ans représentera le Togo aux Jeux olympiques de Tokyo en aviron dans l’épreuve de 2 km skiff dame. Invitée aux JO de Rio en 2016, elle s’est battue pour arracher sa qualification pour cette édition. Dans la capitale japonaise, elle sera le porte-drapeau de la délégation togolaise. Portrait d’une athlète qui représente les meilleures chances de médaille de son pays.
Il n’est pas facile d’être une sportive de haut niveau dans une communauté où la place réservée aux femmes se trouve au foyer. Claire Ayivon en a fait l’expérience et a essuyé des critiques : « Les gens disent que toi tu es déjà âgée pour faire de l’aviron. Tu continues, tu vas devenir quoi après ? Moi j’adore le sport, j’ai donc poursuivi et je suis toujours dans l’aviron », confie-t-elle à RFI dans un éclat de rire.
Elle avoue que c’est de manière fortuite qu’elle a découvert l’aviron il y a de cela sept ans. « Moi je suis de Togoville [localité située au bord du lac Togo], j’ai vu des gens s’entraîner sur le lac et j’ai décidé de faire comme eux. Au départ, je prenais cela pour de l’amusement mais j’ai fini par y prendre goût au point de devenir aujourd’hui professionnelle. »
Son parcours, selon M. Anani Mensah, secrétaire général de la Fédération Togolaise d’Aviron et de Canoë Kayak, est jalonné de sacrifices : « À 25 ans, aujourd’hui, les filles sont au foyer. Mais Claire a refusé et chaque fois ce sont des pressions des parents. D’ailleurs, c’est compte tenu de l’aviron qu’elle a cessé ses études. Elle a le BEPC [Brevet d’étude du premier cycle]. Elle devrait poursuivre ses études. Mais elle est tout temps en voyage. »
À force de courage et d’abnégation, Claire Ayivon a percé sur le plan national et international. Pour son coach, Migué Koffi, c’est le résultat d’un travail acharné. « Pour gagner une seconde en aviron, il faut faire le même exercice pendant trois semaines. C’est un travail qui est très compliqué. Mais comme elle s’est donnée à fond, on a les résultats aujourd’hui, précise le coach qui ajoute : actuellement, sa meilleure performance est de 8 mn 02 s contre 8 mn 29 s en avril dernier. »
De nombreux supporteurs
Du coup, beaucoup de Togolais croient en elle. À commencer par le président de la Fédération togolaise d’aviron et de canoë kayak, Emmanuel Fortuné Adjevi Neglokpe, qui salue sa qualification pour les JO intervenue le 13 octobre 2019 à Tunis : « Nous sommes très honorés parce qu’une Fédération qui a fait qualifier une athlète à minima sur épreuve, c’est formidable. Claire Ayivon est une fille très courageuse. Elle va représenter près de huit millions de Togolais aux Jeux olympiques. Nous sommes fiers d’elle pour cette qualification. »
Le 5 juillet dernier, le directeur de l’Académie nationale olympique du Togo, Charles Panou, n’a pas hésité à offrir à l’athlète togolaise un important lot de matériel sportif. « Nous voulons la motiver. C’est pourquoi nous lui avons ouvert notre magasin pour qu’elle puisse choisir tout ce dont elle a besoin et tout ce qui pourrait lui être utile pour obtenir de bons résultats », explique-t-il.
Ce n’est donc pas un hasard si Claire Ayivon a été choisie comme porte-drapeau et si la Première ministre Victoire Tomegah Dogbe lui a personnellement remis l’emblème national. Un acte dont elle mesure la portée : « C’est une fierté pour moi de porter le drapeau togolais. De transporter tout le Togo aux Jeux, c’est une grande responsabilité. »
À Tokyo, Claire Ayivon promet de suivre les traces de Benjamin Boukpeti qui a gagné la première médaille olympique pour le Togo – une médaille en bronze. C’était en 2008 aux Jeux olympiques de Pékin. « C’est pour ramener de l’or », assure-t-elle, ambitieuse.
Créditée d’un chrono de 8 mn 02 s au 2 km skiff dame, alors que les meilleurs temps se situent aux alentours de 7 mn, la championne togolaise devra tout donner pour s’imposer dans la capitale nipponne. (rfi.fr)