samedi, avril 27, 2024
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Apartheid. Frederik de Klerk présente ses excuses dans une vidéo posthume

De dernières paroles pour corriger un héritage controversé. Dans un message vidéo posthume, Frederick de Klerk, souvent critiqué pour son manque de remords pour l’apartheid, présente des excuses complètes et « sans réserve ». Le dernier président blanc d’Afrique du Sud est mort jeudi à 85 ans. L’ancien président est mort « paisiblement ce matin à son domicile », en banlieue du Cap. En mars, il avait annoncé lutter contre un cancer, le jour de son 85e anniversaire.

Libérateur de Nelson Mandela, Frederik de Klerk a mis fin au régime raciste de l’apartheid. Mais ces dernières années, ses déclarations publiques ont terni son image auprès des Sud-Africains. « Je présente mes excuses, sans réserve, pour la douleur, la souffrance, l’indignité et les dommages que l’apartheid a infligé aux noirs, bruns et indiens d’Afrique du Sud », confie-t-il dans ce clip diffusé par sa fondation.

L’ancien président au front dégarni, regard bleu foncé comme son impeccable costume porté sur un col ouvert, déclare d’une voix éraillée, et dans un anglais fortement teinté d’accent afrikaans : « Ceci est mon dernier message adressé au peuple d’Afrique du Sud ».

Précisant qu’il aurait de nombreux commentaires à faire sur l’état du pays, il explique avoir délibérément voulu enregistrer un message court. « Je suis encore souvent accusé par des critiques d’avoir d’une façon ou d’une autre continué à justifier l’apartheid », dit-il, reconnaissant avoir dans sa jeunesse défendu cette ségrégation, puis comme parlementaire et même ministre.

« Je présente, sans réserve, mes excuses »

« Après, à de nombreuses reprises, j’ai présenté des excuses pour la douleur et les indignités infligées » par ce régime. « Beaucoup m’ont cru, mais certains pas. Laissez-moi aujourd’hui, dans ce dernier message, répéter : je présente, sans réserve, mes excuses… ». Il affirme agir non seulement comme ancien dirigeant du Parti national, qui a imposé ce régime en 1948, mais aussi comme individu.

Le 2 février 1990, le chef d’État conservateur et apparatchik du Parti national qui a mis en place le système d’apartheid à partir de 1948, déclare contre toute attente au Parlement : « L’heure des négociations est venue ».

Ce pragmatique, qui avait senti la nécessité du changement, annonce aussi la libération de Nelson Mandela, leader du Congrès national africain (ANC) en prison depuis 27 ans, et la levée de l’interdiction des partis anti-apartheid. Le pays entre dans la transition démocratique.

Un héritage « important et inégal »

Les premières réactions à sa mort ont un peu tardé, l’héritage de la figure de la fin de l’apartheid étant à la fois « important » et « inégal », comme l’a subtilement décrit la fondation Nelson Mandela.

Frederik de Klerk, issu d’une famille ultraconservatrice, devient ministre alors que le pays est en pleine tourmente : les émeutes de Soweto sont réprimées dans le sang en 1976.

Il succède en 1989 à Pieter Botha à la tête du pays. Les sanctions internationales contre l’Afrique du Sud se sont intensifiées, la contestation à l’intérieur du pays ne cesse de monter : le conservateur doit conduire des réformes, il annonce la fin du régime blanc.

« Il semblait être la quintessence de l’homme d’appareil (…) Rien dans son passé ne semblait indiquer l’ombre d’un esprit de réforme », a écrit dans son autobiographie Nelson Mandela, qui devient le premier président sud-africain noir en 1994.

Les deux hommes reçoivent conjointement le prix Nobel en 1993, pour le « miracle » de la transition démocratique.

Vingt ans plus tard, FW de Klerk estimait que sa décision avait permis d’éviter « une catastrophe », sortant les Blancs de leur « isolement et de leur culpabilité » et permettant aux Noirs d’accéder à « la dignité et à l’égalité ».

En 1996, de Klerk avait démissionné du poste de vice-président de Mandela, reprochant à la nouvelle constitution de ne pas assurer le partage du pouvoir avec les blancs. L’année suivante, il se retire de la vie politique et s’installe dans sa ferme avec sa nouvelle épouse, Elita.

En 2020, il avait déclenché une vive polémique en niant que l’apartheid ait été un crime contre l’humanité, avant de se rétracter et de présenter des excuses. Le président Ramaphosa avait alors jugé que les propos de M. de Klerk « relevaient à (son) sens de la trahison ». (Le Parisien)

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