dimanche, mai 5, 2024
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NIGERIA. Amnesty dénonce le « danger » des réinstallations forcées

Des milliers de personnes au Nigeria courent le risque d’être réinstallées de force dans le nord-est, théâtre d’attaques jihadistes, où les autorités prévoient de fermer les camps de déplacés internes, a alerté mercredi Amnesty International.

Au cours des douze dernières années, plus de deux millions de personnes ont dû fuir le nord-est où les jihadistes liés à l’Etat islamique et à son groupe rival Boko Haram multiplient les attaques.

Pourtant, d’ici fin décembre, les autorités de l’Etat du Borno – le plus touché par le conflit – prévoient de fermer tous les camps de déplacés dans la capitale Maiduguri puis dans tout l’Etat d’ici 2026.

Cette décision vise à encourager la population à reprendre l’agriculture car la plupart des déplacés dépendent de l’aide humanitaire. 

Dans un rapport basé sur 38 entretiens, Amnesty a exprimé son « inquiétude pour la sécurité de milliers de déplacés internes en danger face aux réinstallations forcées » à Borno.

« Le retour forcé des personnes déplacées dans des villages qui ne sont pas sûrs constituerait une violation de la responsabilité du gouvernement nigérian de protéger (…) la vie des civils », a déclaré Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria.

« Il est absolument choquant que des gens ayant déjà tant souffert (…) soient encore plus exposés à d’horribles éventuelles violations et abus », a-t-elle poursuivi.

Selon l’ONG, six personnes ont été tuées et 14 blessées un mois seulement après s’être réinstallées à Mafa, près de Maiduguri.

Dans la région, les combattants de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), dorénavant dominant face à Boko Haram, multiplient les attaques contre l’armée et les communautés.

Les autorités de Borno n’ont pas répondu à une demande de commentaire sur le rapport d’Amnesty, mais ont déjà nié que des personnes soient contraintes de se rendre dans des zones dangereuses.

Au début du mois, le gouverneur a interdit aux organisations humanitaires de distribuer de la nourriture et de l’aide aux communautés fraîchement réinstallées.

L’objectif, selon lui, est de viser « l’autonomisation des gens, en leur donnant la dignité d’acheter leur propre nourriture et de déterminer leur avenir ». 

Une mesure qui a provoqué l’inquiétude des travailleurs humanitaires qui fournissent une assistance à plus de huit millions de personnes.

Le nombre exact d’anciens déplacés désormais réinstallés est inconnu, mais au moins trois camps à Maiduguri, comptant 86.000 personnes, ont déjà fermé. Cinq autres, qui accueillent plus de 140.000 personnes, doivent être fermés d’ici le 31 décembre. (Afp)

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