Il y a onze ans, Mohamed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant, s’immolait à Sidi Bouzid pour dénoncer les humiliations administratives. Un geste qui entrainera la mobilisation populaire à l’origine du départ de Ben Ali. Cette date marque désormais l’anniversaire de la révolution. À cette occasion des rassemblements sont prévus à Tunis ce vendredi 17 décembre, mais l’anniversaire n’est pas vraiment festif.
Les Tunisiens n’ont pas vraiment le cœur à la fête. Onze ans après le déclenchement de leur révolution qui sonna le début des printemps arabes, le pays traverse en effet une crise inédite.
Une crise politique puisqu’en s’octroyant les pleins pouvoirs en juillet, le président Kaïs Saïed a suspendu la vie démocratique de son pays. Le parlement est à l’arrêt et en attendant les élections législatives annoncées pour décembre 2022, la Tunisie va continuer d’être gouvernée par un seul homme.
La crise est aussi économique. Surendettée, la Tunisie tente de renouer le contact avec le FMI. Mais à quel prix ? Cette semaine, l’UGTT – principale centrale syndicale du pays – a annoncé que le gouvernement envisageait une réduction des salaires des fonctionnaires de 10%.
Un contexte social de plus en plus tendu
Non confirmée par les principaux intéressés, cette déclaration risque d’envenimer un peu plus un contexte social déjà très tendu. Crise des ordures à Sfax, mouvements de diplômés chômeurs ou encore blocages dans les zones pétrolifères du sud du pays, en voulant concentrer tous les pouvoirs, Kaïs Saïed attire désormais aussi tous les mécontentements.
Alors que les instituts de sondages montrent que l’homme fort de Carthage continue de bénéficier de la confiance des Tunisiens, celui-ci voit pourtant sa popularité s’éroder de semaine en semaine. Une ambiance générale qui donne à cet anniversaire… un goût amer. (rfi.fr)