Accueil ALERTE Présidentielle. Christiane Taubira, candidate unique de la désunion à gauche

Présidentielle. Christiane Taubira, candidate unique de la désunion à gauche

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Christiane Taubira a publié mercredi une tribune dans Le Monde, dans laquelle elle explique que les convergences idéologiques à gauche sont suffisantes , dit-elle, pour gouverner ensemble cinq ans. L’éditorialiste politique Rémi Godeau livre son analyse de ce texte, à quelques mois de l’élection présidentielle . 

« Et bien oui, à gauche, pendant la trêve, la poutre continue de travailler. Mi-décembre, Christiane Taubira a déclaré envisager se présenter à l’élection présidentielle. Dans une brève vidéo elle assurait cependant ne pas vouloir être une candidate de plus. Car oui, il y en a déjà 7. Son objectif est donc de provoquer une primaire pour ressouder un bloc de gauche dispersé façon puzzle, et donc assurer de ne pas figurer au second tour.

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Mercredi, l’ancienne ministre de la Justice, qui a promis de dévoiler ses intentions avant le 15 janvier, s’est donc rappelée à notre bon souvenir avec un long texte lourd de lyrisme et de formules alambiquées. On peut y voir une démonstration un peu laborieuse que non, vraiment, les gauches ne sont pas irréconciliables. On peut y voir aussi un nouveau plaidoyer pour une primaire relancée par Anne Hidalgo, mais que l’insoumis Mélenchon, l’écologiste Jadot et le communiste Roussel s’entêtent à refuser. On peut enfin y voir une ébauche de programme, c’est-à-dire un pas supplémentaire de Christiane Taubira vers sa propre candidature.

Un socle commun est possible

Cette initiative est en effet aussi limpide que le style de l’ancienne ministre de François Hollande. A travers bien des généralités percent malgré tout une intention, une invitation et une solution. L’intention, c’est de démonter l’argument principal des autres hérauts de la gauche, défavorables à la primaire. Entre eux, les divergences seraient trop profondes pour aboutir à une candidature unique. Or, Christiane Taubira dit le contraire. Il existe des convergences très fortes, assez fortes pour leur permettre de gouverner ensemble pendant cinq ans sur l’école, la santé, l’écologie, la République, la justice sociale, les salaires ou la laïcité.

La socialiste est persuadée qu’un socle commun, a minima, est possible. En forcenée du compromis, elle a même trouvé un PPCM, le plus petit commun dénominateur, en forme d’étendard : le rétablissement de l’ISF. C’est même la seule mesure concrète qu’elle expose dans son texte. Et ça tombe bien, à gauche, tous les candidats la proposent sur les autres thèmes. Elle est même assez floue pour ne froisser personne, comme le décrypte son entourage. Son programme est tout sauf cadenassé.

Créer une dynamique sur les convergences

Quant à l’invitation, elle est un peu plus salée parce qu’elle consiste à demander à chacun de mettre de côté ses désaccords, que Christiane Taubira qualifie elle-même d’insurmontables. Par exemple, sur la relation avec la Russie, évoquée sous la périphrase cryptée ‘nature des rapports diplomatiques bilatéraux’ ou sur ce qu’elle appelle les sources d’énergie, pour ne pas dire le nucléaire, ou encore sur ce que l’icône socialiste nomme les rapports à l’Union européenne – sans doute veut-elle parler des traités. Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot disent ‘des divergences d’abord, donc, pas de candidature unique’. Christiane Taubira rétorque ‘un candidat unique, donc des convergences d’abord’.

La solution est donc de créer une dynamique sur les convergences et traiter les divergences plus tard. Et pour cela, Christiane Taubira dit s’en remettre aux instruments démocratiques. Je la cite ‘la délibération collective, sous procédure législative ou sous forme citoyenne, doit être réhabilitée’. On peut comprendre qu’elle défend le référendum ou la convention citoyenne pour aplanir les différends à gauche. On gagne d’abord et on s’occupe du programme. C’est habile parce que l’outsider Taubira pourra se présenter comme rassembleuse au sein d’une gauche qui, elle le reconnaît elle même avec lucidité, n’a pas de concurrent pour s’inventer des querelles insurmontables. Habile, mais avec une chance de réussir quasi-nulle. Les électeurs sont partis et à gauche, les égos et les rancœurs sont trop forts pour espérer une réconciliation sur les idées. Le destin collectif rouge, rose, vert attendra. » (

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