Neuf soldats sénégalais de la mission ouest-africaine en Gambie sont portés disparus depuis lundi et présumés captifs de rebelles casamançais à la suite d’affrontements lors d’une opération contre le trafic de bois, a annoncé l’armée sénégalaise mardi.
Les neuf militaires « seraient probablement détenus en otage par le MFDC », la rébellion armée qui se bat bientôt 40 ans pour l’indépendance de la Casamance, une région du sud du Sénégal frontalière de la Gambie, a indiqué l’armée dans un communiqué. « Les opérations se poursuivent pour les retrouver et sécuriser la zone », a-t-elle indiqué.
L’armée sénégalaise a annoncé lundi la mort de deux de ses soldats, un sous-officier et un militaire du rang, dans des affrontements le même jour avec des rebelles présumés dans l’ouest de la Gambie, pays partiellement enclavé dans le Sénégal et qui abrite des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).
« Au cours des affrontements consécutifs à une vigoureuse action militaire, un rebelle a trouvé la mort et trois autres ont été faits prisonniers », a indiqué l’armée mardi dans son communiqué. Le précédent communiqué de l’armée lundi avait fait état de deux rebelles faits prisonniers.
Ces affrontements avec les rebelles présumés sont survenus « dans le cadre d’une action de sécurisation et de lutte contre les trafics illicites, notamment contre l’exploitation criminelle du bois sur la frange frontalière avec la Gambie », a-t-elle précisé mardi.
« Durant les cinq derniers mois, 77 camions transportant illégalement du bois provenant du Sénégal ont été immobilisés par le détachement sénégalais déployé au sein de la Force internationale en Gambie », la Mission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest en Gambie (Ecomig), a-t-elle ajouté.
Des responsables locaux de Casamance et des écologistes dénoncent régulièrement l’implication, selon eux, de Gambiens et de responsables gambiens dans le trafic de bois en Casamance imputé aux rebelles du MFDC.
Cinq militaires sénégalais avaient été capturés par des rebelles du MFDC en décembre 2011 lors d’une attaque contre un cantonnement militaire dans la localité de Kabeum, à 60 km au nord-ouest de Ziguinchor, principale ville de Casamance. Ils avaient été libérés en décembre 2012 à la suite d’une médiation de la communauté catholique Sant’Egidio.
La Casamance est le théâtre d’un des plus vieux conflits d’Afrique depuis que des indépendantistes ont pris le maquis après la répression d’une marche en décembre 1982. Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l’économie, le conflit a persisté à basse intensité. Le Sénégal s’emploie à normaliser la situation et a entrepris de réinstaller les déplacés.
L’Ecomig a été instituée par l’organisation des Etats ouest-africains Cédéao devant la crise politique née du refus de l’ex-président et dictateur Yahya Jammeh gambien de quitter le pouvoir après sa défaite à la présidentielle de décembre 2016. Yahya Jammeh a finalement été forcé à l’exil en janvier 2017 par les pressions internationales et l’entrée de troupes sénégalaises sur le sol gambien.
Les forces sénégalaises fournissent l’essentiel des effectifs de l’Ecomig, de plusieurs centaines de soldats. Le mandat de l’Ecomig a été prolongé à plusieurs reprises. (Afp)