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ETHIOPIE. Levée anticipée de l’état d’urgence imposé en novembre

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Le parlement éthiopien a levé mardi de manière anticipée l’état d’urgence imposé en novembre, lorsque les rebelles tigréens menaçaient de marcher sur Addis Abeba.

« La Chambre des députés d’Ethiopie a approuvé aujourd’hui la levée de l’état d’urgence imposé pour six mois », a twitté le ministère éthiopien des Affaires étrangères, trois mois avant l’échéance prévue.

Ce vote des députés éthiopiens a fait suite à une proposition du cabinet du Premier ministre Abiy Ahmed visant à assouplir l’état d’urgence de temps de guerre imposé initialement jusqu’en mai.

L’état d’urgence avait été proclamé le 2 novembre alors que des combattants du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF) venaient de s’emparer de deux villes stratégiques sur la route menant à la capitale éthiopienne. 

Aux termes de l’état d’urgence, des arrestations de masse de Tigréens avaient été menées à Addis Abeba et dans le reste du pays, déclenchant une série de condamnations d’organisations internationales de défense des droits de l’homme. 

Il n’était pas possible d’établir clairement dans l’immédiat si, et quand, les personnes détenues dans le cadre de l’état d’urgence seraient libérées. 

Washington a « salué » la levée de l’état d’urgence tout en exhortant Addis Abeba à libérer « immédiatement » toutes « les personnes arrêtées ou détenues sans être inculpées sous l’état d’urgence ».

Cela « facilitera un dialogue national inclusif et productif », a dit le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price dans un communiqué.

L’état d’urgence avait également coïncidé avec une campagne de mobilisation générale et de bombardements qui ont finalement repoussé les forces rebelles vers le Tigré, suscitant l’espoir de voir les combats s’arrêter. 

En décembre, Addis Abeba a annoncé que l’armée ne les y poursuivrait pas mais plusieurs frappes de drones ont touché le Tigré dans les semaines suivantes.

Fin janvier, le TPLF a annoncé avoir repris les combats dans la région voisine de l’Afar, après des attaques selon lui de forces pro-gouvernementales sur ses positions.

– « Pénurie extrême » –

Le conflit a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon les Nations unies.

Le Tigré est depuis plusieurs mois soumis à ce que l’ONU qualifie de « blocus de facto » de l’aide humanitaire, chaque camp s’en renvoyant la responsabilité. Washington accuse le gouvernement de bloquer l’aide, tandis qu’Addis Abeba impute la situation aux incursions rebelles.

L’envoyé spécial des Etats-Unis pour la Corne de l’Afrique David Satterfield était attendu en Ethiopie en début de semaine, pour y rencontrer des responsables gouvernementaux ainsi que des représentants d’ONG. 

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a estimé en janvier que près de 40% de la population du Tigré souffrait de « pénurie extrême de nourriture ».

Le PAM a précisé que les ONG humanitaires internationales opérant dans la région sont à court de carburant et contraintes d’apporter à pied leur aide aux civils souffrant de malnutrition.

Vendredi, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) a affirmé que les opérations humanitaires étaient quasiment interrompues en raison de ces pénuries. 

Mardi, l’Organisation mondiale de la Santé a lancé un nouvel appel à un « accès sans limites » au Tigré, soulignant avoir acheminé à Mekele, la capitale régionale, des fournitures médicales vitales – une première depuis juillet – mais que la pénurie de carburant empêchait leur distribution.

Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a envoyé en novembre 2020 l’armée fédérale au Tigré, pour destituer les autorités régionales issues du TPLF, qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.

Au gré de nombreux rebondissements, les combats se sont ensuite étendus aux régions voisines de l’Afar et de l’Amhara. (Afp)

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