jeudi, avril 18, 2024
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L’économie suisse contrainte de s’adapter aux sanctions contre la RUSSIE

La Suisse a durci sa ligne contre la Russie, forçant son économie à s’adapter aux sanctions à marche forcée, en particulier dans le secteur du négoce des matières premières où souffle un vent de panique. Lundi, la Suisse s’est calée sur les sanctions de l’Union Européenne, sortant de sa traditionnelle réserve notamment en ordonnant le gel immédiat des avoirs de personnalités et entités russes figurant sur la liste noire de l’UE.

Habituées à la neutralité, les entreprises suisses dévoilent depuis en ordre dispersé les mesures à prendre pour se conformer aux sanctions, tout en insistant sur la faible part de la Russie dans leurs chiffres d’affaires pour tenter de rassurer leurs investisseurs. La compagnie aérienne Swiss a suspendu ses vols pour Moscou et Saint-Pétersbourg. L’armateur MSC Mediterranean Shipping Company et le logisticien Kuehne + Nagel ont, eux, cessé de prendre les commandes pour les cargaisons, sauf pour les denrées alimentaires, médicales et humanitaires.

Négoce des matières premières

Pour le commerce extérieur, « les conséquences directes » sont « limitées », a réagi l’organisation patronale Economiesuisse à l’annonce des sanctions.

La Russie n’est que son 23ème partenaire commercial. La Suisse y exporte surtout des médicaments, produits médicaux, montres et machines et importe majoritairement de l’or, des métaux précieux et de l’aluminium. En 2021, ses exportations s’y montaient à 3,2 milliards de francs suisses (3,1 milliards d’euros), les importations se limitant à 270 millions de francs, selon l’administration fédérale des douanes. Par comparaison, ses exportations vers l’Allemagne, son premier partenaire commercial en Europe, se chiffraient à 44 milliards de francs.

Mais la Suisse est aussi un acteur important du négoce des matières premières, au travers d’entreprises telles que Glencore, Trafigura, Vitol et Gunvor qui se concentrent à Genève et dans le canton de Zoug.

Selon un chiffre qui a circulé dans la presse helvétique, 80% du pétrole russe serait négocié en Suisse, même si Florence Schurch, secrétaire générale de l’Association suisse du négoce de matières premières et du transport maritime, « ne confirme pas » ce chiffre. Le poids exact du pétrole russe négocié en Suisse est « en cours d’évaluation », a-t-elle précisé à l’AFP, attestant cependant que le secteur pèse lourd dans l’économie. Rien qu’au niveau de l’emploi, le négoce de l’énergie, des grains, métaux et minerais représente quelque 10.000 emplois directs et 35.000 indirects.

23 milliards de dollars

« Depuis lundi, tout le monde est un peu en mode cellule de crise », explique-t-elle. Certaines entreprises doivent déjà « localiser leurs cargaisons » en cours ou « rapatrier des marins bloqués en Mer Noire ». « Beaucoup d’entreprises se sont auto-censurées », constate-t-elle, notamment parce que la question des paiements devient « compliquée » maintenant que les banques russes sont débranchées du système Swift et que les banques suisses sont en train de revoir leurs financements du négoce.

La faillite de l’opérateur du gazoduc germano-russe Nord Stream 2 a semé la panique dans le secteur. Le géant du négoce Glencore a également annoncé qu’il est en train de passer en revue ses activités en Russie tandis que Trafigura examine sa participation dans Vostok Oil, le grand projet pétrolier de Rosneft en Sibérie.

Les banques suisses sont également très prisées des grosses fortunes russes pour placer leur argent. Selon les statistiques de la Banque des règlements internationaux, les engagements des banques suisses à l’égard de clients russes se montaient à 23 milliards de dollars au troisième trimestre 2021. L’association suisse des banquiers a réagi aux sanctions en disant que « la Russie est un marché intéressant, mais non prioritaire » et a exclu les filiales suisses de Gazprombank et Sberbank de ses rangs.

1% des exportations pour le luxe

En Bourse, Richemont et Swatch ont également été secoués face aux craintes des investisseurs pour le secteur du luxe. La Russie ne représente qu’environ « 1% de nos exportations », a quantifié Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération horlogère. Mais la chute du rouble pourrait affecter les ventes de montres et le conflit risque aussi, selon lui, de retarder le retour des clients russes qui « ne viennent plus en Suisse depuis le début de la pandémie ».

En 2019, avant la pandémie, les touristes russes ne représentaient que 1,7% des nuitées hôtelières. « Cependant, il s’agit d’une clientèle aisée », indique Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme, qui fréquente davantage les hôtels 5 étoiles que d’autres touristes. Certains grands hôtels qui comptent une clientèle russe fidèle pourraient donc être « plus spécifiquement impactés ». (Bfm Business)

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