L’ONU en Somalie s’est dite « extrêmement inquiète » mercredi de la difficulté à mobiliser des fonds face à la « grave » situation humanitaire causée par la sécheresse dans le pays, qui est « éclipsée » par d’autres crises dans le monde.
« La situation est grave et se détériore rapidement », a alerté le coordinateur humanitaire de l’ONU en Somalie, Adam Abdelmoula, lors d’une conférence de presse dans la capitale kényane Nairobi.
En février, 4,5 millions de Somaliens étaient affectés par la sécheresse, contre 3,2 millions en décembre, et 671.000 personnes avaient dû quitter leur foyer en quête d’eau, de nourriture ou de pâturages pour leur bétail, soit deux fois plus qu’en décembre quand environ 245.000 déplacés avaient été recensés.
Alors que seuls 3% des 1,46 milliard de dollars (1,23 milliard d’euros) jugés nécessaires par l’ONU pour subvenir aux besoins en Somalie en 2022 ont été pourvus, M. Abdelmoula s’est dit « extrêmement inquiet ».
« Les perspectives étaient déjà sombres avant que la crise ukrainienne n’éclate. Nous avons été éclipsés par la crise au Tigré, par le Yémen, l’Afghanistan et maintenant l’Ukraine semble aspirer tout l’oxygène qui se trouve dans la pièce », a-t-il ajouté.
« J’ai visité plusieurs capitales l’année dernière, cinq capitales européennes et Washington, dans le but de remettre la Somalie sur la carte. Comme on dit dans la communauté humanitaire, nous avons pour ainsi dire perdu l’effet CNN », a poursuivi M. Abdelmoula, qui est également représentant spécial adjoint de l’ONU en Somalie.
Déjà frappée par une invasion de criquets entre 2019 et 2021 puis par la pandémie de Covid-19, la Corne de l’Afrique (Ethiopie, Kenya, Somalie) fait face à une alarmante sécheresse, causée par trois saisons de pluies insuffisantes depuis fin 2020.
« Les projections indiquent que la prochaine saison des pluies prévue en avril pourrait également être inférieure à la moyenne. Si nous n’agissons pas rapidement, nous pouvons nous retrouver dans une situation extrême d’ici juin », a prévenu Adam Abdelmoula.
« Les besoins sont immenses », a-t-il insisté, appelant « de toute urgence les donateurs, les autorités, l’ONU, les ONG, nos partenaires, la diaspora, le monde des affaires à intensifier la réponse à la sécheresse en Somalie ».
« Le coût de l’inaction ou de l’action tardive est tout simplement trop élevé », a-t-il estimé.
En 2017, une mobilisation humanitaire précoce avait permis d’éviter une famine en Somalie, contrairement à 2011 où 260.000 personnes – dont la moitié d’enfants de moins de six ans – étaient mortes de faim ou de troubles liés à la faim. (Afp)