Crise sanitaire et sécuritaire, inflation et aujourd’hui, contrecoups de la guerre en Ukraine… Les économies ouest-africaines devraient pourtant maintenir le cap de la reprise, avec une prévision de croissance de 6,5 %, selon l’Uemoa.
Malgré une conjoncture internationale défavorable, la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), dirigée par le diplomate sénégalais Abdoulaye Diop et basée à Ouagadougou, s’attend à des perspectives de croissance prometteuses. La reprise de l’activité économique enclenchée l’an dernier après le ralentissement considérable de 2020 avec seulement 1,8% de croissance va-t-elle se maintenir ?
Le président de la commission de l’Union veut y croire. « Pour 2022, l’activité économique au sein de l’Union poursuivrait son dynamisme avec un taux de croissance de 6,5 % », explique à Jeune Afrique, M. Diop. C’est 0,4 point de plus qu’en 2021 alors que le déficit budgétaire global s’établirait autour de 4,6 % du produit intérieur brut (PIB). Mais Abdoulaye Diop tempère aussitôt son optimisme et prévient : « Ces perspectives sont assujetties à des risques importants notamment l’évolution de la crise sanitaire, l’environnement sécuritaire dans l’Union et l’évolution des cours du pétrole due aux tensions géopolitiques dans le monde. »
Contraste
Alors que l’Union se remet progressivement des effets pervers de la crise sanitaire qui perdure, la zone d’intégration économique regroupant huit pays (Côte d’Ivoire, Burkina, Bénin, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) fait face à une situation économique contrastée. La Côte d’Ivoire, première économie de l’Union (7 % de croissance attendu), le Sénégal (5,5 %) et le Togo (6 %) continuent de maintenir la cadence de la croissance.
En revanche, le Burkina Faso et le Mali, confrontés à l’aggravation de l’insécurité et aux sanctions, présentent un tableau moins optimiste. Si les sanctions infligées au Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) depuis janvier épargnent les produits alimentaires jusqu’ici, l’envolée des cours des denrées alimentaires laisse planer des risques sur l’approvisionnement du pays, qui a déjà raté des échéances de paiement de l’ordre de 80 millions d’euros de dette.
Défauts de paiement
Au total, les défauts de paiement sur la dette malienne dus aux sanctions atteignent 180 millions de dollars. Quant au Burkina Faso, devenu le deuxième pays africain subissant le plus d’incidents terroristes, sa situation économique prend un sérieux coup en raison du gel des financements de certains bailleurs de fonds comme l’arrêt des appuis budgétaires de la Suède alors que le déficit public atteint plus de 500 milliards de francs CFA.
Enfin, le taux d’inflation annuel moyen s’est établi à 3,4 % contre 2,1 % en 2020, en raison de l’augmentation des prix des produits alimentaires. Les finances publiques, pour leur part, se sont dégradées légèrement avec un déficit budgétaire global de 5,7 % du PIB contre 5,6 % en 2020. Cette aggravation s’explique en partie par l’augmentation des dépenses publiques destinées à la relance économique dans un contexte de faible mobilisation des ressources intérieures. Ces déficits se sont traduits par une hausse d’au moins deux points du taux d’endettement de l’Union, à 53,3 %. (Jeune Afrique)