Les six sages-femmes étaient poursuivies pour « non-assistance à personne en danger » après le décès d’Astou Sokhna le 1er avril dernier à l’hôpital régional.
Les trois sages-femmes condamnées étaient dans l’équipe de nuit lors du décès d’Astou Sokhna, selon l’un de leurs avocats, Maître Abou Abdoul Daff. Les trois autres étaient de garde le jour. Leur défense est en train de se concerter et n’exclut pas la possibilité de faire appel de ce jugement qu’on peut qualifier de clément.
Le parquet avait requis en effet une peine d’un an de prison dont un mois ferme pour quatre des sages-femmes et la relaxe pour les deux autres. Le tribunal a donc pris une décision qui va dans le sens « de l’apaisement », selon Me Daff. « Nous prenons bonne note de la décision et nous nous réservons éventuellement un droit de recours pour la bonne et simple raison que le principe même que nous avons retenu depuis le début de cette affaire, c’est qu’on ne pouvait pas retenir d’infraction de non assistance à personne en danger. »
L’affaire « est loin d’être terminée »
De leur côté, les avocats du mari et de la mère d’Astou Sokhna avaient plaidé pour un procès « pour l’exemple », « pour que cela ne se reproduise plus » dans les maternités du Sénégal, en dénonçant des négligences, voire des propos dégradants des sages-femmes à l’endroit de la victime.
L’affaire « est loin d’être terminée », affirme Maître Ousseynou Gaye, qui indique que ce mercredi, avant le jugement, une nouvelle plainte a été déposée cette fois pour « homicide » contre les sages-femmes et contre la gynécologue de l’hôpital. « Le tribunal a mis hors de cause l’équipe du jour, alors que nous pensons que du matin au soir, et jusqu’à l’aube, Astou Sokhna n’a pas bénéficié d’assistance », soutient Me Gaye, qui annonce « une nouvelle étape ».
Une autre plainte a aussi été déposée selon l’avocat, pour « faux et usage de faux » dans l’établissement du certificat de décès rédigé par une sage-femme, qui avait conclu à la « mort naturelle » d’Astou Sokhna.
Les quatre sages-femmes qui étaient sous mandat de dépôt depuis le 19 avril sont donc libres. Plusieurs responsables de syndicats de la santé s’étaient mobilisés ce mercredi encore au tribunal de Louga pour marquer leur solidarité avec leurs collègues.
De l’autre côté, le collectif « patient en danger » se bat pour que l’accès à la santé soit équitable, pour que le personnel soit mieux formé. Nina Penda Faye est l’une des porte-voix de cette association qui ne comprend pas le verdict de Louga, qui estime que les sanctions ne sont pas suffisantes car des vies ont été perdues.
Le verdict qui tombe nous donne l’impression que le Sénégal qui est quand même un Etat qui se veut protecteur des droits humains et spécifiquement des droits de la femme […], nous ne pouvons pas comprendre ce qu’il se passe parce qu’une femme est décédé avec son bébé, et pour nous il est impossible que ça se passe comme ça, sinon ça va être de l’impunité et les citoyens confrontés à ce genre de situation risquent de vouloir eux-mêmes régler le problème. (rfi.fr)