Mardi (10 mai 2022), quelques centaines de personnes habillés de t-shirts blancs ont manifesté à Bamako pour demander aux autorités militaires « d’alléger la souffrance des populations à travers la crise que traverse le pays ».
A leur tête, Mamedy Dioula Dramé, un leader associatif très engagé au sein de la société civile malienne. Au micro de Mahamadou Kane, le porte-parole du mouvement « Sauvons le Mali Do Kèra » explique les raisons de cet appel.
Mamedy Dioula Dramé : Le mouvement est composé de personnes physiques et de personnes morales. En son sein, il y a des gens qui sont venus volontairement et individuellement. Il y a des associations. Il y a même des partis politiques.
DW : Idéalement, pour vous, quel est le délai qui vous donneriez aux autorités de la transition pour rendre le pouvoir aux civils ?
Mamedy Dioula Dramé : Nous, nous voulons un cap. Ils ont déjà commencé quelque chose, mais qu’eux ne pourront jamais terminer. Une transition, c’est un passage. Une transition, c’est une période ou on pose juste les jalons. Dans notre logique, nous ne sommes pas dans les histoires de délais, mais nous voulons qu’il y ait une orientation, un cadre.
DW : Vous semblez être un peu pessimiste, notamment quand vous parlez de la suspension de la Constitution. Est-ce que finalement pour vous, l’horizon n’est pas bouché pour la tenue des élections ?
Mamedy Dioula Dramé : L’horizon ne peut pas être bouché. On est obligé de revenir à ça. Tôt ou tard, on est obligé de revenir à ça.
DW : Dans combien de temps ?
Mamedy Dioula Dramé : Pour moi, comme je vous l’ai dit, le temps m’importe peu en réalité. Eux, ils avaient fixé 18 mois. Les 18 premiers mois, on a accompagné la transition. Pendant les neuf premiers mois, on a été là parce que le coup d’État est consommé. Donc il fallait être là pour, ensemble, sortir le pays du trou.
Il y a eu un deuxième coup d’Etat. Et toujours, ce sont ces mêmes responsables qui viennent nous dire ‘nous allons respecter le délai’. Mais à l’approche du délai, ils nous disent autre chose.
DW : Vous parlez de la levée de l’embargo… Il y a la désignation d’un facilitateur, notamment le président Faure Gnassingbé. Comment vous l’accueillez ? Est-ce que vous êtes optimiste ?
Mamedy Dioula Dramé : Si Faure avait été désigné avant que nous fixions le cap de manifester, on aurait annulé notre manifestation parce que la désignation de Faure nous a confortés dans notre position.
Comme quoi l’Etat lui-même cherche aujourd’hui à faire en sorte que cet embargo puisse être levé.Donc nous accueillons la désignation de cette démarche favorablement et nous pensons qu’elle est vraiment à saluer, à accompagner. (dw.com)