La jeune photographe et réalisatrice malienne Djélika Mama Traoré participe depuis le 23 mai au programme « Talentueuses caméras d’Afrique et aux rencontres professionnelles du pavillon africain » au Festival de Cannes. A seulement 24 ans, Djélika a au compteur trois courts métrages (« ça suffit », « Nimsey » (le regret) et « Ma passion »). La lauréate du Grand prix au festival clap ivoire en 2021 et meilleure réalisatrice malienne au festival international les écrans de Tombouctou la même année, présente à la 75ème édition de Cannes, au programme short film corner qui se tient du 23 au 27 mai 2022, son court métrage « Ma passion » qui pointe du doigt le calvaire des femmes artistes au Mali. Interview. Quelle est cette réalisation qui vous conduit directement au festival de Cannes pour la première fois ? Le film qui va être présenté à Cannes cette année s’appelle « Ma passion ». Il parle de la vie d’une jeune comédienne et musicienne qui s’appelle Fadima Maiga. Elle est artiste, le film parle des difficultés de l’intégration des femmes dans le milieu artistique dans notre société. En général, le métier d’artiste n’est pas toujours compris, ni bien vu, c’est pourquoi d’aucuns disent que la femme artiste est prostituée, elle n’est pas digne d’être mariée.
Il y a beaucoup de préjugés que la société véhicule. C’est en partie ce qui explique l’abandon par beaucoup de femmes de leur rêve de cinéaste. Moi je pense que c’est important d’exercer le métier qu’on aime parce que c’est à travers ça que chaque personne apporte sa pierre à l’édifice, que nous conscientisons. Comme le dit un adage populaire, « il n’y a pas de sous métier, il n’y a que des sotte personnes ». Ce film sensibilise par rapport au regard qui est porté sur la femme artiste. A Cannes, je suis invitée par le Festival Films Femmes Afrique de Dakar pour participer aux rencontres professionnelles, aux formations au short film corner du festival de Cannes dans le pavillon africain.
Cette première expérience au Festival de Cannes vous a certainement donné un sourire. Dites-nous dans quelles conditions vous avez travaillé pour réaliser ce film. C’est tout simplement immense pour moi parce que c’était un rêve que je nourrissais depuis très longtemps de pouvoir participer au Festival de Cannes. Maintenant, j’ai eu la chance d’être invitée. C’est énorme parce qu’en tant que réalisatrice en herbe, nous avons besoin de formations, de rencontres professionnelles, de partager et de recevoir afin d’enrichir notre culture générale sur le cinéma, d’avoir l’esprit ouvert au monde. Pour une première expérience, j’en suis vraiment très honorée. En ce qui concerne la réalisation du film, c’était en juillet 2021 dans le cadre du Programme Yali film School fellowship de accountability lab Mali, qui consistait à sélectionner 10 jeunes femmes au Mali et au Niger pour réaliser des courts métrages afin de sensibiliser la société sur les thèmes qui les tiennent à cœur.
Femme et cinéma au Mali, quel regard souhaitez-vous changer à travers cette production ? La femme est une artiste de nature. Quand on la laisse aller au fond de ses idées, ou créer du mieux qu’elle peut surtout dans l’exercice de sa passion, je pense qu’elle peut faire des merveilles. En Afrique, au Mali nous en avons besoin. Nous voulons que le cinéma soit reconnu comme industrie. Je pense que cela ne se fera pas sans l’implication des femmes et de leur créativité. Si on met de côté les préjugés afin d’écouter ce que les femmes ont à nous dire dans le cadre de l’art, de leur création voire innovation, ça peut apporter une valeur ajoutée dans nos sociétés. Pour que le cinéma se développe davantage chez nous, il faudra plus de formation, plus d’implication afin que les femmes puissent se démarquer dans l’industrie mondiale du cinéma. Propos recueillis par Idelette BISSUU
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