Les chefs d’Etat de la Cédéao se réunissent en sommet extraordinaire ce samedi à Accra au Ghana pour parler de transitions militaires au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.
Même si depuis quelques jours, plusieurs sources évoquent la possibilité d’un compromis entre la Cédéao et les juntes militaires de ces trois pays, le bras de fer continue avec l’organisation sous-régionale.
Les autorités militaires de transition au Mali ont proposé un calendrier de 24 mois avant d’organiser des élections et rendre le pouvoir aux civils. 24 mois qui viendraient donc s’ajouter aux 21 mois déjà écoulés depuis le premier putsch en août 2020.
Toutefois, Bamako, toujours, selon nos sources, serait prêt à revoir cette durée à la baisse. En Guinée, les putschistes ont, eux, fixé la durée de la transition à 36 mois. Tandis que ceux du Burkina Faso maintiennent le délai de trois ans avant de tenir des élections libres, comme l’a prévu la charte de la transition, signée début mars.
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»Il ya beaucoup de choses à dire »
Ces trois pays refusent donc de céder aux exigences de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Pourquoi cette défiance ? Pour Abdoulaye Barry, doctorant à l’Université pour la paix (Upeace), une institution académique de l’Onu, « Les populations de l’espace Cédéao estiment que la Cédéao a regardé les violations des principes de la démocratie sans dire un mot dans certains pays, notamment en Côte d’Ivoire et en Guinée, où les chefs d’Etat ont modifié les lois fondamentales de leur pays pour un troisième mandat. »
Pour lui : »Il y a un véritable problème de gouvernance au sein de la Cédéao. Ce qui ne devrait pas nous amener à justifier forcément les coups d’Etat. La question est de savoir comment apporter les réponses adéquates aux défis de la gouvernance pour donner plus de légitimité à la Cédéao ? Parce que la Cédéao est un bel outil. Mais aujourd’hui, dans son fonctionnement, il y a beaucoup de choses à dire. »
Conformément à son protocole additionnel de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance, la Cédéao a suspendu de ses instances le Burkina Faso, la Guinée et le Mali.
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Un accord est-il possible avec la Cédéao ?
En plus de sa suspension, le Mali est sous le coup de sanctions économiques depuis janvier 2022. Mais pour Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal, la Cédéao n’est pas assez forte pour détourner les militaires putschistes de leurs objectif principal qui est de rester au pouvoir.
Moussa Diaw précise : « Je ne trouve pas suffisants les moyens dont dispose la Cédéao pour faire pression sur ces régimes, afin de les amener à raccourcir la durée de leur transition. » et de poursuivre: »La Cédéao n’a pas les moyens de les bousculer, malgré les sanctions qui ont été prises à l’encontre des pouvoirs militaires qui sont arrivés à la tête de ces Etats par l’usage de la force. Et je pense que ces militaires sont dans une logique de rester longtemps au pouvoir. » a-t-il dit.
En plus du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, une réunion extraordinaire du Comité des chefs d’état-major des armées des Etats membres de la Cédéao est également prévue à Accra le 4 juin 2022, sur la situation politique dans ces pays. (dw.com)