Le scandale autour du président sud-africain prend de l’ampleur. Jeudi 9 juin, Cyril Ramaphosa a été violemment pris à partie par l’opposition, alors qu’il tentait de présenter le budget de l’État au Parlement. Il a été interpellé au sujet des accusations selon lesquelles il aurait acheté le silence de cambrioleurs qui ont découvert l’équivalent de 3,8 millions d’euros en liquide dans l’une de ses propriétés.
À peine le chef de l’État a-t-il pris la parole, les membres du Parlement l’ont pris à partie pendant une heure. « Nous ne pouvons pas accepter qu’un homme accusé de crimes aussi sérieux s’adresse au Parlement », ont lancé les députés d’une formation politique, accusant Cyril Ramaphosa de « blanchiment d’argent » et d’être un « criminel ».
Le chef de l’État est accusé d’avoir dissimulé l’équivalent de 3,8 millions d’euros – en liquide et en devises étrangères – dans l’une de ses propriétés. Ainsi que d’avoir acheté le silence des cambrioleurs ayant découvert le butin il y a deux ans.
Le président Ramaphosa a rejeté ces accusations qu’il qualifie de « politiques », admettant qu’il y avait bien eu cambriolage, mais que la somme était moins importante, le produit d’une transaction légale.
Ces explications n’ont pas convaincu. Une plainte a été déposée et la médiatrice de la république, chargée de contrôler les agissements de l’exécutif, a annoncé l’ouverture d’une enquête. La commission d’intégrité de son propre parti doit prochainement l’entendre.
« Cela ressemble à un film sur la mafia ! »
Des accusations très graves, s’est alarmé John Steenhuisen, chef de file du principal parti d’opposition, devant les parlementaires : « Combien d’argent avez-vous caché dans vos propriétés ? Vous dites que cet argent provient de la vente d’animaux, que les accusations contre vous sont « politiques » et que vous n’avez rien fait d’illégal. Mais pourquoi cacher de l’argent, dissimuler ce cambriolage et payer les voleurs pour qu’ils se taisent ? Cela ressemble à un film sur la mafia ! »
Après plus d’une heure de chaos dans l’hémicycle, le chef de l’État a enfin pu s’exprimer. Mais seulement après avoir été sérieusement mis en difficulté. Dans son discours, le chef de l’État s’est dit victime de « sales coups » et d’« intimidations », assurant qu’il ne se laisserait pas « dissuader par des menaces ».
En arrivant au pouvoir il y a quatre ans, Cyril Ramaphosa avait promis de faire de la lutte contre la corruption sa priorité, après des années de scandales sous son prédécesseur Jacob Zuma. (rfi.fr)