Se marier civilement, enregistrer une naissance ou un décès est devenu très compliqué dans la région du Nord-Ouest, au Cameroun. Cibles des séparatistes, les bâtiments publics ont été désertés dans les zones à risque. Les services municipaux se sont réfugiés à Bamenda, la capitale régionale. Pour faire une démarche d’état civil, les habitants des zones rurales et des petites villes n’ont pas d’autre choix que de se déplacer, avec toutes les difficultés et risques que cela comporte.
« Ça a été un voyage très stressant pour arriver ici à Bamenda », raconte une jeune femme. Pour se marier civilement, elle a dû parcourir 55 kilomètres sur un tronçon de route dangereux et en mauvais état. « On n’a pas pu faire venir notre famille car nous n’avons pas d’argent. On a passé trois nuits ici, il faut acheter la nourriture, payer l’hôtel. Il y a beaucoup de gens au village qui n’ont même pas les moyens de venir ici comme nous. »
Ce père est venu avec son fils. À 18 ans, il a besoin d’un acte de naissance pour passer ses examens : « Je suis ici depuis deux jours. À Batibo, le conseil municipal est fermé. Le maire m’a dit de venir ici à Bamenda. Je ne connais personne. J’ai dû payer 20 000 francs CFA pour l’hôtel. Mais je n’ai toujours pas vu le maire et je dois repartir sans le document, c’est terrible. »
« Les services publics sont attaqués par nos propres frères »
Au sein même de la communauté urbaine de Bamenda, des bâtiments municipaux ont dû déménager à cause de l’insécurité. Tsé Louis Angwafo, maire de Bamenda 2, officie désormais dans un préfabriqué dans le centre-ville : « Les services publics sont attaqués par nos propres frères, c’est un cauchemar, vraiment. Quels que soient les rêves que l’on a, on doit épargner les services publics, et laisser les gens normaux avoir une vie normale. »
Les usagers sont parfois redirigés vers des ONG pour les aider dans leurs démarches. (rfi.fr)