Alors que les autorités maliennes de transition démentent toute allégation d’exactions ciblées de son armée contre les Peuls du Mali et accusent ceux qui se risquent à évoquer le sujet d’inciter à la haine et de nuire à la cohésion du pays, l’organisation culturelle peule Tabital Pulaaku Mali fait part de son inquiétude.
Une organisation culturelle peule, Tabital Pulaaku Mali, a fait part ce mercredi de son inquiétude dans un communiqué. Elle y condamne d’abord toutes les attaques ayant frappé l’armée malienne, qui ont été nombreuses ces dernières semaines, et dit prier pour les victimes militaires et civiles.
Mais l’organisation communautaire peule déplore également que ces attaques servent de prétexte pour « la poussée d’un sentiment de haine » et des « appels à la violence », contre les Peuls spécifiquement, notamment sur les réseaux sociaux.
Plus grave encore, Tabital Pulaaku « enregistre de nombreux cas d’arrestations » qualifiées d’« arbitraires » et d’« injustifiées », et dénotant, selon l’association, « stigmatisation » et « amalgame ». Et de rappeler certaines évidences : « Tous les Peuls ne sont pas des jihadistes », « tous les jihadistes ne sont pas des Peuls » et, selon la loi, « la responsabilité de l’infraction est individuelle ». Une manière de dénoncer des actes perçus comme une punition collective contre la communauté peule.
« Soumission ne signifie pas adhésion »
L’association rejette aussi les accusations de collusion avec les groupes terroristes, dans des zones échappant au contrôle de l’État. C’est notamment le cas de nombreux villages du centre du Mali, où s’exerce la domination de la katiba Macina, dirigée par Amadou Kouffa et membre du Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda. « Dans les zones sous occupation jihadiste, les populations sont soumises contre leur volonté », rappelle l’association,et « soumission ne signifie pas adhésion ». Tabital Pulaaku demande la libération de plusieurs dizaines de Peuls arrêtés sans qu’aucun lien ait pu être établi avec les groupes terroristes.
Elle sollicite également des enquêtes sur l’assassinat de 16 notables peuls du hameau de Zanancoro en juin dernier, de « l’enlèvement et la détention » au camp militaire d’Alatona dans le cercle de Niono, de « plusieurs dizaines de personnes depuis plus de deux mois » et « de l’arrestation et de la détention » de 21 villageois de Diaba, près de Sofara.
Tabital Pulaaku salue les propos du chef d’état-major de l’armée malienne, qui a dénoncé les amalgames. L’association demande enfin au Premier ministre Choguel Maïga, qui avait en avril dernier évoqué une « rébellion peule » en préparation au Mali, et surtout au président de transition, le colonel Assimi Goïta, de prononcer rapidement « un discours d’apaisement ». À ce stade, l’armée malienne n’a pas donné suite aux sollicitations de RFI. (© AFP )