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Mali : Bamako renforce la sécurité par crainte d’attaques djihadistes

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Au moins 15 attaques extrémistes ont frappé le Mali en juin et juillet, la plus audacieuse étant celle des combattants djihadistes qui ont attaqué Kati, la plus grande base militaire du pays, à seulement 15 km de la capitale.


Mercenaires russes

À la place, l’armée malienne travaille avec le groupe mercenaire russe, Wagner. Le gouvernement malien nie officiellement la présence des mercenaires russes, bien que plusieurs diplomates européens aient cité des preuves de la présence de Wagner au Mali.

« Le retrait des forces françaises a certainement laissé un vide, en particulier au niveau du renseignement, et cela met Bamako et d’autres régions du pays dans une position plus vulnérable face aux groupes djihadistes, et d’après les expériences précédentes, il est très difficile d’empêcher les infiltrations et les attaques », déclare Rida Lyammouri, chercheur principal au Policy Center for the New South.« Si ces groupes peuvent s’infiltrer et attaquer la base la plus protégée du Mali à Kati, alors ils peuvent faire de même contre des lieux stratégiques à Bamako ».

Le rythme des attaques djihadistes s’est accéléré et, en juin, un chef du groupe GSIM, lié à Al-Qaida, a menacé de s’attaquer directement à la capitale. Les États-Unis ont retiré de Bamako tout le personnel non essentiel et, comme de nombreux autres pays occidentaux, ont conseillé aux voyageurs d’éviter de se rendre au Mali.

Renforcement de la sécurité

L’armée malienne a renforcé la sécurité dans la capitale et a fermé les principales routes « pour contrer cette menace terroriste à Kati et à Bamako ». Certaines routes menant au camp militaire ou à la résidence du président de transition « sont également coupées », selon le colonel Souleymane Dembele, porte-parole de l’armée malienne. « Chaque jour, nous arrêtons des terroristes à Bamako ou dans les environs ».

Bien que le renforcement de la sécurité vise à protéger les citoyens, certaines des mesures ont été préjudiciables aux résidents ordinaires. Assa Diakite a regardé avec consternation son champ de maïs en ruine près du camp militaire de l’aéroport de Bamako, dans une vidéo publiée sur les médias sociaux. Toute sa récolte a été coupée par l’armée par mesure de sécurité.

« Je pratique l’agriculture ici depuis 25 ans et il n’y a jamais eu de problème jusqu’à maintenant », déclare-t-elle. « Les soldats qui ont coupé ma récolte disent que les plants de maïs bloquent la visibilité autour de leur camp et permettent aux rebelles djihadistes de se cacher dans les champs pour les attaquer. Ce n’était pas mon souhait. Je suis veuve, et c’est grâce à ces cultures que je me nourris et que je nourris ma famille. Je demande l’aide du président de transition Assimi Goita ».

Coopération avec l’armée

Quelques jours plus tard, des citoyens au grand cœur ont versé de l’argent pour aider Assa Diakite et d’autres agriculteurs dont les champs avaient été coupés. Mais même ces actes de générosité peuvent faire l’objet d’attaques de la part des rebelles djihadistes, qui préviennent que la coopération avec l’armée pourrait entraîner des attaques de leur part.

Un récent message audio djihadiste circulant sur WhatsApp a semé la panique. Ce message s’adressait aux habitants de Kati qui, après l’attaque de juillet contre la caserne de l’armée, avaient juré de fouiller toutes leurs maisons pour débusquer les rebelles extrémistes.

« Lorsque vous voyez une voiture kamikaze venant de loin, prenant soin d’éviter les bars, les salles de concert, les stades de football, les marchés pour ne viser qu’un camp militaire, vous devez comprendre que (l’armée) est notre cible », disait le message.« Mais si vous nous montrez que vous et l’armée êtes la même chose, alors pourquoi nous donner la peine de cibler uniquement le camp militaire ? », prévient le message.

Mouvements militaires

« Ce message a pour but de dire aux gens d’être prudents. Si vous nous poussez à l’extrême, c’est ainsi que nous pouvons réagir », avance Baba Alfa Umar, un chercheur indépendant en géopolitique qui suit la situation au Sahel.

Au milieu des mouvements militaires, la junte a pris des mesures pour régler la situation politique du Mali et préparer la voie à de nouvelles élections, qui auront lieu, selon elle, en février 2024. La semaine dernière, le gouvernement de transition du Mali a nommé une équipe chargée de rédiger une nouvelle Constitution dans les deux mois.

Un point clé sera de savoir si le Mali reste un État laïque. En 2012, des rebelles extrémistes liés à Al-Qaïda ont commencé leurs attaques en disant qu’ils se battaient pour que le Mali soit régi par la charia.« La question de la laïcité et de la place de la religion dans la Constitution malienne » est la question cruciale à trancher dans la rédaction du nouveau document, soutient Gilles Yabi, directeur du think tank West African Citizen, Wati.

« La question principale qui intéresse les partenaires occidentaux et forcément les autres Maliens, c’est la place de la religion dans la politique. Doit-il y avoir une séparation entre la sphère religieuse et la sphère politique ? », s’interroge Gilles Yabi. Selon lui, si la majorité de la population malienne est musulmane, « il y a des acteurs de la société civile malienne qui vont aussi pousser pour que la République du Mali reste laïque. » (euronews)

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