Selon les prévisions saisonnières, cette année le Niger devrait enregistrer une pluviométrie excédentaire. D’ailleurs la météo a déjà causé des inondations qui ont provoqué la mort de plus de 80 personnes et fait près de 100.000 sans abris. Mais le gouvernement craint des périodes plus sèches et, pour éviter de mauvaises récoltes, le président de la République, Mohamed Bazoum, a demandé de recourir à la technique de l’ensemencement des nuages pour provoquer des pluies sur le pays.
Comment cela fonctionnne ?
Cette technique consiste à vaporiser par avion des particules de sel dans les nuages afin de provoquer des précipitations.
« En termes de quantité de pluies, si on prend l’espace nigérien et dans la majeure partie du pays, c’est excédentaire », explique Lawan Gaptia, directeur de la météorologie nationale. « Mais après, on a vu que certaines zones ont eu trois ou quatre semaines sans pluie de façon continue », insiste-t-il au micro de la DW. « Et dans les zones de Tahoua, c’est parfois plus d’un mois sans pluie. »
Cette irrégularité est tout le problème, notamment pour les agriculteurs. « Ce qui nous a vraiment poussé, c’est une initiative du président de la République que nous avons adoptée et nous avons la responsabilité effectivement de la conduire ou de la coordonner ».
Les agriculteurs dans l’expectative
Ces pluies suscitent l’espoir chez les producteurs agricoles et chez les éleveurs qui espèrent un meilleur rendement agricole et fourrager. Cependant, ceux-ci s’inquiètent aussi du risque de pluies trop abondantes. « Les animaux sont surpris dans les ravins des zones pastorales par les pluies et cela entraine de fortes mortalités, surtout du petit bétail et surtout si c’est en début de saison », explique Boureima Dodo, secrétaire exécutif de l’Association nigérienne pour la redynamisation de l’élevage au Niger. « Les animaux affaiblis sont couchés, ils ne peuvent pas se lever. Dans ce cas, on assiste à une véritable hécatombe. Tout ça a des conséquences véritablement négatives sur le cheptel et sur les pâturages d’une manière générale ».
« Tout est sous contrôle », affirme néanmoins le directeur de la météorologie nationale. Selon lui, les pluies seront provoquées uniquement dans les zones déficitaires afin de résorber le manque. « C’est quand on constate qu’une zone a fait quelques jours sans pluies que nous disons : allez bombarder telle place s’il y a des nuages », assure Lawan Gaptia. « Donc c’est quelque chose qui est contrôlée. Si on voit qu’il y a de fortes pluies ici, même si on a des nuages et qu’on peut intervenir, on ne le fait pas parce qu’il ne faut pas créer d’autres problèmes. Car cette zone n’a pas besoin d’eau ».
Pour la première fois, avec l’ensemencement des nuages, des zones désertiques comme Agadez ont enregistré d’importantes quantités de pluies ce qui pourrait augurer de bonnes perspectives pour la production agricole. (dw.com)