En RDC, le Premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde est en visite dans la ville de Goma, au Nord-Kivu, depuis le 22 septembre, après avoir passé trois jours à Bunia dans la province de l’Ituri. Celui-ci est venu évaluer l’efficacité de l’état de siège.
Jean-Michel Sama Lukonde explique que l’efficacité de l’état de siège est mis à mal par de nombreux facteurs© Giscard Kusema/Press Office Presidency DRC
Depuis l’instauration de l’état de siège en mai 2021, la situation sécuritaire reste volatile tant à l’intérieur de la province que dans la ville de Goma, se plaint Constantin Kanane, un activiste des droits de l’homme.
Selon lui, « pendant cette période de l’état de siège, la sécurité à Goma est restée comme avant. Car ici, les cas d’enlèvements, d’assassinats et de cambriolages continuent. En matière de sécurité, il n’y a pas de changement. La mission de l’état de siège a échoué lamentablement. »
Enlèvements et assassinats
S’adressant à la presse, Jean-Michel Sama Lukonde a déclaré que son évaluation consistera à consulter les rapports et à écouter le conseil provincial de sécurité sur l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain. Il souhaite aussi recueillir les avis des représentants sociaux et politiques du Nord-Kivu sur ce régime qui a déjà, à maintes reprises, été décrié pour son inefficacité dans le rétablissement de la sécurité.
« Il faut noter que dans cette province où nous sommes en état de siège, nous avons des problèmes particuliers parce que l’agression est couplée à d’autres actions que nous condamnons », explique le chef du gouvernement congolais.
Seize mois après l’instauration de l’état de siège, l’insécurité est devenue de plus en plus grave dans les territoires de Beni, Rutshuru, Nyiragongo et dans la ville de Goma, où un rapport de la société civile fait état de dizaines de personnes, pour la plupart des changeurs de monnaie, enlevées ou assassinées.
Appels à lever l’état de siège
Jimmy Nzialy, un activiste des mouvements citoyens, estime que le gouvernement devrait demander au président Félix Tshisekedi de lever l’état de siège afin de permettre aux militaires de se concentrer sur la lutte contre les groupes armés et laisser ainsi l’administration aux civils.
Pour Jimmy Nzialy, « le Premier ministre ne devrait pas venir ici pour faire une grosse blague. Il sait très bien que l’état de siège n’est pas un succès. Depuis que le gouverneur militaire a été déchargé de ses prérogatives de coordinateur des opérations militaires, la population pense que l’état de siège n’existe plus parce qu’un gouverneur militaire ne peut pas gérer la politique et l’administration civile. »
Après la prise de la ville frontalière de Bunagana par les rebelles du M23 il y a trois mois, le gouverneur militaire du Nord-Kivu s’était en effet vu retirer la responsabilité de coordonner les opérations de guerre, une tâche qui a été confiée au lieutenant général Philémon Yav.
Mais celui-ci est actuellement en prison, accusé de haute trahison pour collaboration avec l’ennemi. (dw.com)