Nouveau drame dans un Liban en plein effondrement. Partis mardi de Minyeh, au nord du pays, au moins 89 migrants sont morts noyés après le naufrage de leur canot de fortune. Les précédents bilans faisaient état de 60 puis 71 morts.
«Il y a 89 morts, 14 personnes sont en convalescence à l’hôpital Al-Basel, dont deux en soins intensifs», a déclaré Iskandar Ammar, un responsable de l’hôpital Al-Basel, dans la ville portuaire de Tartous, dans l’Ouest de la Syrie, cité par l’agence Sana.
Les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver d’éventuels survivants, plusieurs personnes étant toujours portées disparues depuis le naufrage. Selon les autorités syriennes, environ 150 personnes, principalement des Libanais et des réfugiés syriens et palestiniens, se trouvaient à bord du petit bateau qui a fait naufrage au large de Tartous, en Syrie.
L’armée libanaise a fait état de son côté de l’arrestation d’un passeur présumé impliqué dans ce drame. Il s’agit du bilan le plus élevé des suites d’un naufrage de migrants depuis le Liban.
Ironie tragique, les migrants, dont la majorité sont des réfugiés syriens, ont échoué sur les côtes d’un pays qu’ils avaient fui. Un premier corps, celui d’un jeune homme, a été découvert près de l’île d’Arwad par les autorités syriennes. «Vingt personnes reçoivent des soins à l’hôpital al-Basel», a précisé jeudi le ministère de la santé syrien dans un communiqué. «Une assistance en oxygène est fournie à la plupart des personnes hospitalisées et certaines d’entre elles ont été transférées aux soins intensifs», a-t-il ajouté, soulignant que tous les soignants de la région sont mobilisés. Le bilan est encore flou mais au moins un enfant figurerait parmi les victimes.
Des équipes de secours ont été dépêchées sur le lieu du naufrage pour tenter de retrouver d’autres survivants, mais «les recherches en mer ont été interrompues le soir en raison de fortes vagues» ont déclaré les autorités syriennes. De son côté, le ministre libanais des Transports, Ali Hamie, a ajouté que les autorités syriennes lui avaient affirmé qu’un hélicoptère de l’armée russe, qui dispose d’une base dans la région, survolait toujours la zone à la recherche de survivants.
Drames récurrents
En avril dernier, un drame similaire avait secoué le pays. Le «bateau de la mort», comme il est désigné sur place, était parti du sud de Tripoli avec au moins 84 personnes à bord.
Les circonstances de ce naufrage restent encore floues : des survivants accusent la marine libanaise d’avoir intentionnellement percuté leur bateau avec leurs navires, alors que les autorités affirment que le capitaine de l’embarcation a lui-même heurté les patrouilles pour tenter de s’échapper. La polémique autour des gardes-côtes de l’armée libanaise qui auraient tenté d’intercepter l’embarcation et causé le naufrage avait fait monter la tension.
Depuis 2020, de plus en plus d’habitants du Liban prennent la mer pour fuir le pays, poussés par son effondrement économique. En trois ans, la monnaie a perdu plus de 90 % de sa valeur, tandis que 80 % de la population a plongé sous le seuil de pauvreté. Une situation catastrophique qui entraîne l’une des vagues de départs les plus massives de l’histoire du pays. Et pour la première fois, une migration illégale par la mer. Les bateaux de ces nouveaux candidats à l’exil partent principalement de la ville de Tripoli, la plus pauvre du pays. L’espoir est de rallier L’Italie ou Chypre, pays de l’Union européenne, situés à quelques centaines de kilomètres des côtes libanaises.
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies, le nombre de ces migrants par bateaux a doublé en l’espace d’une année, tandis que depuis 2020, au moins 38 embarcations ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer. (Libération)