Les produits pétroliers qui transitent par le Niger, à destination du Mali sont frappés d’une suspension. Explications. C’est une décision polémique. Par une note signée par le directeur général des Douanes, le Niger a suspendu les autorisations de transit de produits pétroliers sur le Mali non destinés à la Minusma. La même note datée du 21 septembre suspend également « l’utilisation des autorisations déjà délivrées pour accomplir les formalités de produits pétroliers non destinés » à la mission onusienne.
Le patron de la douane nigérienne enjoint « le directeur des enquêtes, du Renseignement, de l’Analyse des risques et du Contentieux (DERAC), les directeurs régionaux des douanes, le chef de bureau de Torodi, le chef du bureau d’Ayorou, le chef du bureau de Gaya, tous les commandants de brigades d’intervention et de recherche » d’exécuter cette mesure.
Les autorités maliennes n’ont pas encore réagi à cette mesure. De leur côté, leurs homologues nigériennes n’ont donné aucune explication. Pour beaucoup d’observateurs, cette décision prise par le pouvoir de Niamey est une réaction à l’hostilité des autorités de la transition malienne. Frictions entre Bamako et Niamey.
Dans son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York, le Premier ministre par intérim du Mali, le Colonel Abdoulaye Maïga a traité d’«étranger Mohamed Bazoum, qui se réclame du Niger ». Le pouvoir de Niamey avait prédit quelques heures plus tôt la prise imminente de Ménaka par l’Etat islamique au Sahel. Par la même occasion, Bazoum a déploré l’absence de l’armée malienne dans cette région.
Cependant, la juriste nigérienne Souwaiba Ibrahim estime que la décision de Niamey de suspendre le transit des produits pétroliers vers le Mali n’a rien à voir avec le discours de Maiga à l’Onu. « Déjà, la mesure a été prise le 21 septembre par la Douane nigérienne alors que le Premier ministre Maïga a tenu son discours le 24 septembre », explique la doctorante dans un fil de discussion sur twitter, ajoutant que « la décision est due à la dégradation de la situation sécuritaire sur l’axe Niamey- Gao, notamment l’absence de soldats maliens dans la zone ».
« Depuis peu, des individus armés interceptent des véhicules transportant les marchandises, particulièrement les produits pétroliers. Récemment des terroristes ont intercepté des camions-citernes transportant du carburant en destination du Mali et ont fait le plein de réservoir de leurs engins, avant de revenir quelques jours plus tard pour intercepter d’autres camions transportant le thé et le riz.
Vu l’absence des militaires dans la zone pour escorter les camions, les transporteurs sont contraints à payer le droit de passage par les terroristes. Ceci contribue au financement de leur opération. L’interdiction est donc prise pour les empêcher de se ravitailler », clarifie-t-elle. Au sujet de la dérogation accordée à la Minusma, Souwaiba Ibrahim précise que « c’est parce que cette dernière a les moyens d’escorter son carburant ». Depuis 2012, le Niger exporte de l’essence, du gasoil et du gaz butane à destination principalement du Nigeria, du Burkina Faso et du Mali par l’entremise de la Société de raffinage de Zinder (SORAZ) et de la société nigérienne du pétrole (SONIDEP). (Journal du Gabon)