Au moins 76 personnes ont été tuées en Iran dans la répression des manifestations déclenchées il y a dix jours par la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs, a indiqué lundi une ONG.
Au moins 76 personnes ont été tuées en Iran dans la répression des manifestations déclenchées il y a dix jours par la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs, a indiqué lundi une ONG.
Une moto de la police brule dans les rues de Téhéran lors d’une manifestation suite à la mort de Mahsa Amini, le 19 septembre 2022.© AP
Selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, « au moins 76 personnes ont été tuées dans les manifestations » dont « six femmes et quatre enfants », dans 14 provinces du pays. L’IHR a affirmé avoir obtenu des « vidéos et des certificats de décès confirmant des tirs à balles réelles sur des manifestants ».
Les protestations ont éclaté le 16 septembre après le décès à l’hôpital de Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans, arrêtée trois jours auparavant à Téhéran pour non-respect du code vestimentaire strict pour les femmes en République islamique d’Iran. Depuis, les Iraniens descendent chaque soir dans la rue à Téhéran et ailleurs dans le pays. Les autorités iraniennes ont elles jusque-là donné un bilan de 41 morts incluant manifestants et forces de l’ordre. Elles ont aussi annoncé l’arrestation de plus de 1 200 manifestants.
Tirs à balles réelles
Ce lundi soir, les protestations ont repris avec les mêmes slogans de « Mort au dictateur » dans la capitale et dans d’autres villes, selon des témoins. À Tabriz dans le nord-ouest, une vidéo diffusée par l’IHR a montré des policiers tirant du gaz lacrymogène contre les manifestants. Le bruit des tirs de balles y est en outre entendu.
Selon de récentes vidéos publiées par l’AFP, la police anti-émeute a, lors des protestations, frappé des manifestants à coups de matraque et des étudiants ont déchiré de grandes photos du guide suprême Ali Khamenei et de son prédécesseur, l’imam Khomeiny. Et d’après des groupes de défense des droits humains, elle a aussi tiré des plombs et à balles réelles sur les protestataires qui ont lancé des pierres, incendié des voitures de police et mis le feu à des bâtiments publics. D’autres images ont montré des femmes enlevant et incendiant leurs voiles ou se coupant symboliquement les cheveux, encouragées par la foule, dans plusieurs villes.
Outre les plus de 1 200 arrestations par les autorités, le Comité pour la protection des journalistes a fait état lundi de l’arrestation de 20 journalistes iraniens depuis le 16 septembre.
L’UE dénonce l’usage « généralisé et disproportionné de la force »
Face à la répression, l’Union européenne a dénoncé l’usage « généralisé et disproportionné de la force ». Condamnant la « répression brutale » de la contestation par Téhéran, la France a indiqué lundi soir qu’elle examinait avec ses partenaires européens « les options disponibles en réaction à ces nouvelles atteintes massives aux droits des femmes et aux droits de l’homme en Iran ».
Le président américain Joe Biden a, lui aussi, dénoncé la répression des manifestations, se disant solidaire des « femmes courageuses d’Iran ». Le Canada a décidé d’imposer des sanctions contre une dizaine de responsables iraniens et d’entités dont la police des mœurs. Et Berlin a appelé l’Iran à « ne pas recourir à la violence » contre les manifestants.
Mais les autorités iraniennes restent fermes. Samedi, le président conservateur Ebrahim Raïssi a appelé les forces de l’ordre à agir contre les manifestants, qualifiés « d’émeutiers ». Après lui, le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a exclu toute « indulgence » envers les instigateurs des « émeutes ». (rfi.fr)