En Guinée, le procès du massacre du 28 septembre 2009 doit s’ouvrir mercredi. Des militaires avaient tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes lors d’un rassemblement de l’opposition dans le stade de Conakry. L’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara et plusieurs coaccusés ont été envoyés en prison mardi, avant leur jugement.
C’est un procès que les victimes et leurs proches réclament depuis des années en Guinée. Mercredi 28 septembre, 13 ans après les faits, les 11 accusés du massacre du 28 septembre 2009 comparaîtront au tribunal de Conakry. L’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara, ainsi que dix autres anciens responsables militaires et gouvernementaux, sont accusés d’avoir tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes lors d’un rassemblement de l’opposition dans le stade de Conakry.
Moussa Dadis Camara et plusieurs de ses coaccusés ont été envoyés en prison mardi, avant d’être jugés à partir de mercredi, ont indiqué leurs avocats.
Le procureur a fait « embarquer nos six clients à la maison centrale (prison) où ils seront semble-t-il retenus jusqu’à la fin de la procédure », c’est-à-dire du procès, à la durée indéterminée, a déclaré un de ces avocats, Me Salifou Béavogui, à des journalistes devant le tribunal.
Le 28 septembre 2009 et les jours suivants, des soldats, des policiers et des miliciens avaient fait couler un bain de sang lors du rassemblement de sympathisants de l’opposition réunis dans un stade de Conakry pour démontrer pacifiquement leur force et dissuader Moussa Dadis Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010.
Ce dernier avait été porté au pouvoir en décembre 2008 par un coup d’État militaire.
Ils ont poursuivi leur besogne au couteau, à la machette et à la baïonnette, jonchant de cadavres la pelouse, les travées et les couloirs du stade et ses alentours. Ils ont abusé de dizaines de femmes et achevé nombre d’entre elles. Des personnes sont mortes piétinées dans la panique.
Les exactions ont continué les jours suivants, contre des femmes séquestrées et des détenus torturés.
Cent-cinquante-sept personnes ont été tuées et des milliers de blessées avec une cruauté effrénée, au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Les chiffres réels sont probablement plus élevés.
Les violences commises il y a 13 ans sont constitutives de crimes contre l’humanité, avait conclu la commission d’enquête internationale rapidement après les faits.
Amnesty International a présenté, à la veille du procès, un rapport réclamant une meilleure prise en charge des victimes de viols en Guinée et l’adoption « en urgence d’une loi générale sur les violences basées sur le genre ».
Les proches et victimes mobilisés
Moussa Dadis Camara vivait jusqu’à présent en exil au Burkina Faso. Il est rentré dans la nuit de samedi à dimanche à Conakry pour participer au procès. Il entend « laver son honneur », disent ses proches.
La commission internationale lui a imputé une « responsabilité criminelle personnelle et une responsabilité de commandement ».
Avec ce procès, des centaines de victimes et proches, constitués en parties civiles ou non, et les organisations de défense des droits humains voient arriver le jour qu’elles ont réclamé pendant 13 ans.
Les atermoiements du pouvoir et l’impunité érigée en « institution », selon la commission internationale, de forces de sécurité quasiment intouchables dans un pays dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires ont longtemps fait douter de la tenue de ce procès.
L’actuel chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, également arrivé au pouvoir par un putsch en 2021 après 11 ans de pouvoir civil, a demandé en juillet que le procès ait lieu cette année avant la date anniversaire.
Les associations de victimes réclament cependant un vrai procès. Elles demandent que celui-ci ne se résume pas à son ouverture pour l’effet d’image. (France24)