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Le Burkina Faso va-t-il à son tour se tourner vers la Russie ?

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Le capitaine Ibrahim Traoré, auteur du dernier putsch en date au Burkina Faso, a officiellement été désigné chef de l’État dans l’attente de la désignation d’un président de transition par des Assises nationales.

« Le président du MPSR est garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la permanence et de la continuité de l’Etat, du respect des traités et accords internationaux auxquels le Burkina Faso est partie » a précisé le capitaine Sorgho, porte-parole de la nouvelle junte au pouvoir lors d’une déclaration lue à la télévision nationale.

Ibrahim Traoré, 34 ans, devient le plus jeune chef d’Etat au monde. Il prend la tête d’un pays secoué par des attaques régulières et meurtrières de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.

Dès le lendemain de sa prise de pouvoir, Ibrahim Traoré n’a d’ailleurs pas exclu de nouer de nouveaux partenariats pour faire face aux jihadistes qui contrôlent désormais un peu plus de 30% du territoire national. Des manifestations contre la France et pour un renforcement de la coopération militaire avec la Russie se sont par ailleurs tenues durant le weekend.

C’est dans ce contexte qu’Evgueni Prigojine, fondateur du groupe paramilitaire privé russe Wagner, a annoncé mardi apporter son soutien au nouveau chef de la junte. Rien d’étonnant selon Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe. Selon lui, la présence de Wagner au Burkina Faso ne date pas d’hier.

Lisez ou écoutez ci-dessous l’interview avec Emmanuel Dupuy.

Emmanuel Dupuy : Bon, déjà, il faut avoir à l’esprit que c’est un message d’opportunité. Evgueni Prigojine, pendant très longtemps, a nié être le patron de Wagner, société qu’il a fondée avec un autre de ses collègues, en l’occurrence Dmitri Outkine.

DW : Et est-ce que la société militaire privée russe Wagner est présente au Burkina Faso ?

Emmanuel Dupuy : Oui, elle est présente. Elle assure la sécurité de deux mines, notamment une mine à Bobo qui est la propriété d’investisseurs russes, en l’occurrence de la société minière Rusal. Et donc, elle assure tout simplement la protection de l’emplacement.

DW : Donc, vous voulez dire qu’il s’agit d’une présence légale, une présence reconnue par les autorités burkinabés, c’est ça ?

Emmanuel Dupuy : Ça ne veut pas dire que la société militaire privée Wagner a signé un contrat comme c’est le cas au Mali ou comme c’est le cas en République centrafricaine, pour assumer un certain nombre de responsabilités, un certain nombre de fonctions, que ce soit de l’ordre de l’entraînement, de la formation, de l’équipement, voire l’accompagnement des forces armées maliennes ou des forces armées centrafricaines dans leur lutte contre les groupes rebelles ou contre les groupes armés terroristes.

Néanmoins, il y a bien à peu près une centaine, certains disent 200, sous-traitants russes. Il faut quand même avoir à l’esprit que cela s’insère dans une forme de nébulosité puisque Roch Kaboré, quand il était encore au pouvoir, avait signé un accord de défense avec la Russie.

DW : Et concrètement, est-ce que les nouvelles autorités militaires de la transition peuvent envisager un partenariat avec Wagner comme l’ont fait les Maliens ou les Centrafricains ?

Emmanuel Dupuy : C’est tout à fait envisageable. D’autant que la situation est dramatique au Burkina Faso : 4.000 civils et militaires sont morts depuis 2015 dans ce pays. On évoque le fait qu’il y ait 2 millions de réfugiés burkinabè en dehors du pays et 200.000 réfugiés à l’intérieur du pays, avec une situation sécuritaire qui fait que désormais les groupes armés terroristes et plus précisément l’Etat islamique dans le grand Sahara, sont en train de s’amplifier de plus en plus, dans la région frontalière dite des trois frontières, entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. (dw.com)

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