Le président congolais, facilitateur dans la transition au Tchad a déploré mardi au sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) un « dérapage dramatique ». Félix Tshisekedi fait allusion aux manifestations meurtrières du jeudi (20.10.22) qui ont fait, selon le bilan officiel, une cinquantaine de morts et des centaines de blessés. Lundi, l’Organisation mondiale contre la torture a accusé le pouvoir tchadien d’avoir plutôt tué « 80 personnes ».
Après sa désignation en tant que facilitateur dans la transition tchadienne, Félix Tshisekedi a indiqué qu’il est temps de passer « aux actions concrètes et rapides pour assister ce pays frère pour mener à bon port ce processus ». Il a ajouté qu’ »Il s’agit à présent de remettre la transition sur de bons rails », avant de lancer les travaux à huis clos.
Condamnation de la violence
Le chef d’Etat congolais avait à ses côtés ses homologues du Congo, de la Centrafrique et le président de la transition tchadienne. Les autres dirigeants de la CEEAC se sont fait représenter. Dans sa déclaration finale, le sommet a « lancé au gouvernement et au peuple tchadiens un appel à la paix » et condamné « fermementle recours à la violence à des fins politiques ».
Le sommet extraordinaire de la CEEAC a désigné le ministre RD congolais de l’intégration et le président de la Commission de la CEEAC comme Envoyés spéciaux « pour appuyer le facilitateur désigné dans sa mission de facilitation du processus de transition au Tchad ».
Le chef de l’Etat congolais a été désigné facilitateur alors que le président congolais a lui-même les plus grandes difficultés à rétablir la sécurité dans l’Est de la RDC. Malgré cela, selon le politologue congolais François Mukoka, Félix Tshisekedi devrait pouvoir apporter son expérience dans une médiation au Tchad.
Retranscription de l’interview :
François Mukoka : Le président Félix Tshisekedi a eu l’occasion d’être à la tête de l’Union africaine et donc, en tant que tel, on ne peut pas douter qu’il ait eu l’occasion de connaître la situation de la plupart des pays africains membres de l’Union africaine, dont le Tchad bien sûr.
DW : Dans le même temps, son pays fait face à de nombreux défis. Problèmes d’insécurité dans l’Est. Le HCR, qui dit par exemple que la RDC est le cancer de l’Afrique. Comment est-ce que Félix Tshisekedi, déjà confronté à autant de problèmes peut il réussir sa mission ?
Je ne pense pas que cela soit une contrainte fondamentale. Ce n’est pas parce qu’au sein de sa propre famille, on a des mésententes que cela peut empêcher quelqu’un de donner des conseils au voisin ou au frère ou à un ami. Au contraire, il peut se servir de ces problèmes pour arriver à trouver la solution idoine, qui s’impose. Je ne pense pas que ce soit une contrainte.
La réunion d’hier à Kinshasa, il n’y avait que trois chefs d’Etat. Est-ce que vous y voyez un désintérêt des autres Etats membres de la CEEAC ?
L’empêchement peut s’expliquer par d’autres facteurs ou d’autres raisons.
On voit que le facilitateur désigné est un chef de l’Etat en l’occurrence, Félix Tshisekedi. Il sera accompagné dans sa mission par des envoyés spéciaux. Pour vous, pourquoi le choix d’un chef de l’Etat ? Est-ce que c’est pour mieux peser dans les discussions parce que c’est un chef de l’Etat ?
Comment voulez-vous qu’un chef de l’Etat comme celui du Tchad aille demander, de manière officielle, des conseils à des ministres ou à des..non. Il ne peut le faire qu’avec ses collègues. Le chef de l’Etat tchadien a toute sa liberté pour consulter n’importe qui en dehors de celui qui a été officiellement désigné. (dw.com)