Accueil A LA UNE La militarisation de l’administration publique passe mal au Tchad

La militarisation de l’administration publique passe mal au Tchad

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La nomination de ces deux hauts gradés survient trois semaines après l’implication des militaires dans le recensement des agents de l’Etat. Un mélange entre armée et vie civile qui fait redouter le renforcement d’une tendance déjà visible depuis plusieurs années : la militarisation de l’administration publique.

« La militarisation de trop »

Le général Ramadan Erdoubou et le colonel Mahamadou Adam sont désormais respectivement le directeur général titulaire et son adjoint à la tête de la Société nationale d’électricité SNE. Cette double nomination récente est perçue par de nombreux Tchadiens comme la militarisation de trop dans l’administration publique.

La place de l’armée n’est pas à la tête des institutions civiles qui sont censées être gérées par des techniciens et des administrateurs formés. C’est en tout cas l’avis d’Enock Mberbé, militant des droits humains.

« En période de transition, les autorités doivent simplement, pour la refondation, nommer des administrateurs sortis de l’École nationale d’administration ENA à la tête des institutions. La place de l’armée n’est pas à la tête d’une institution civile. La Société nationale d’électricité n’a pas besoin de la présence d’un militaire pour contrôler la structure et également ce qui ne marche pas. Il y a des techniciens, mais nommer un militaire qui n’a pas connaissance de la notion d’électricité, ça va poser problème » précise-t-il.

Une question de stratégie

Au Tchad, sur 23 provinces presque tous les gouverneurs, préfets et sous-préfets, nommés, sont des militaires. Une situation qui amène certains Tchadiens à se demander à quoi servent les administrateurs formés chaque année à l’Ecole nationale d’administration ENA.

Pour le juriste et écrivain Jean-Bosco Manga, cela s’inscrit dans une stratégie des militaires pour asseoir leur pouvoir.

Selon lui : « Ce processus de militarisation de l’administration ne date pas d’aujourd’hui. En raison de l’appui stratégique des militaires dans les prises de pouvoir et surtout la confiscation on estime qu’il faut toujours satisfaire leur caprice en leur trouvant des hauts postes pour ne pas qu’ils soient tentés de convoiter le poste du président de la République. Certains estiment aussi que la militarisation de l’administration est un rempart contre les intentions des hauts cadres civiles, bien formés, qui pourraient tenter d’arracher ou de convoiter leur pouvoir et partant leur faire perdre les privilèges souvent indus dont ils bénéficient depuis des lustres. »

Aucune des autorités tchadiennes contactées n’était disponible pour réagir à ce sujet. (dw.com)

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