Dans un geste diplomatique fort, le Royaume-Uni a officiellement exprimé son soutien au plan marocain d’autonomie comme « la base la plus crédible, viable et pragmatique » pour parvenir à une résolution durable du différend régional autour du Sahara marocain. Cette position a été rendue publique à Rabat par le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, David Lammy, lors d’une visite officielle marquant un tournant dans les relations bilatérales maroco-britanniques.
Aux côtés de son homologue marocain, Nasser Bourita, David Lammy a signé un communiqué conjoint dans lequel Londres affirme sa volonté d’agir selon cette position « sur le plan bilatéral, régional et international ». Une déclaration qui, au-delà de sa portée politique immédiate, s’inscrit dans une dynamique diplomatique marocaine en pleine consolidation et pourrait ouvrir la voie à un repositionnement plus large.
Joint par Hespress FR, le politologue Hicham Moatadid, spécialiste des relations internationales, voit dans cette annonce bien plus qu’un simple geste diplomatique. « Elle marque une inflexion majeure dans la stratégie diplomatique de Londres, qui cherche à se repositionner dans un contexte international marqué par le regain des rivalités régionales », analyse-t-il.
Selon lui, le timing de cette reconnaissance n’est pas fortuit. Elle intervient alors que l’Europe est confrontée à de profondes turbulences géopolitiques et énergétiques, rendant crucial le renforcement des alliances avec des partenaires stables. « La stabilité du Maroc, son rôle de hub énergétique et commercial, apparaissent comme des atouts que Londres entend capitaliser, d’autant plus depuis le Brexit qui pousse le Royaume-Uni à redessiner ses partenariats hors de l’Union européenne », poursuit Moatadid.
Pour le politologue, ce réalignement britannique répond à une double logique : sécuritaire et économique. Il souligne que le Royaume-Uni semble anticiper « les nouvelles configurations régionales », notamment avec l’émergence du Maroc comme acteur central en Afrique du Nord et dans le Sahel. « Un Maroc consolidé, maître de ses frontières, représente un allié crédible dans la lutte contre l’instabilité régionale et le contrôle des flux migratoires vers l’Europe », estime-t-il.
Sur le plan économique, cette reconnaissance pourrait faciliter des investissements britanniques massifs dans les secteurs clés que sont les énergies renouvelables et les infrastructures logistiques. Autant de domaines où le Sahara marocain, riche en ressources et en potentiel, constitue une zone stratégique de développement.
Moatadid note également que cette décision envoie un signal diplomatique clair aux grandes capitales occidentales : « Le Royaume-Uni ne compte pas rester en retrait des grandes manœuvres géopolitiques autour du Sahara». Il y voit une volonté de Londres de se positionner comme un acteur incontournable dans la région, à même de participer activement aux discussions sur la stabilité en Méditerranée et au Sahel.
Ce repositionnement ne sera pas sans incidence, selon lui, sur les équilibres au sein du Conseil de sécurité. « L’alignement progressif des grandes puissances sur la proposition marocaine pourrait isoler davantage les adversaires du plan d’autonomie et réduire les marges de manœuvre des acteurs régionaux qui s’y opposent », soutient il.
Ainsi, Moatadid estime que cette reconnaissance britannique pourrait catalyser à moyen terme une «normalisation régionale », où le Maroc jouerait un rôle moteur dans un nouvel ordre économique et sécuritaire entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. Une vision dans laquelle la stabilité et le développement du Sahara marocain serviraient de socle à une coopération renforcée.
Alors que le Royaume consolide ses soutiens et renforce sa position sur l’échiquier international, la prise de position britannique constitue une étape de plus vers la reconnaissance pleine et entière de la marocanité du Sahara par la communauté internationale.
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