Se présentant en rassembleur dans une Amérique meurtrie, Joe Biden a rencontré jeudi en privé la famille de Jacob Blake, un homme noir grièvement blessé par la police fin août, dès son arrivée dans l’État-clé du Wisconsin, qui marque une accélération de sa campagne.
Alors que Donald Trump a parlé de « terrorisme intérieur » à Kenosha, Joe Biden a rencontré en privé jeudi 3 septembre la famille de Jacob Blake, l’homme noir dont l’interpellation controversée a lancé des nuits d’émeutes dans cette ville du Wisconsin. Se présentant en rassembleur dans une Amérique qui apparaît de plus en plus divisée, le candidat démocrate à la présidentielle s’y est rendu dès son arrivée dans cet État-clé.
L’épouse du candidat démocrate à la Maison Blanche, Jill Biden, a également participé à la rencontre d’une heure avec la famille de cet Afro-Américain de 29 ans, touché par sept balles tirées à bout portant, devant ses enfants, le 23 août à Kenosha, dans la région des Grands lacs.
Son interpellation a ravivé le mouvement historique de protestation contre le racisme et les violences policières aux États-Unis, et provoqué trois nuits d’émeutes à Kenosha.
Son rival Donald Trump avait visité la ville sur les rives du lac Michigan, à une centaine de kilomètres au nord de Chicago, dès mardi 1er septembre, mais sans rencontrer la famille, ni citer le nom de Jacob Blake.
Une rencontre en privé et sans médias
Dès leur descente d’avion à Milwaukee, plus grande ville du Wisconsin, les Biden ont rencontré la famille Blake, accompagnée d’avocats. Les journalistes n’ont pas pu assister à la rencontre et Joe Biden n’a pas répondu aux questions qu’ils lui ont lancées sur le tarmac. Aucun compte-rendu ne devrait être communiqué à la presse.
Selon son équipe de campagne, l’ancien vice-président de Barack Obama s’est entretenu en personne avec le père, deux sœurs et un frère de Jacob Blake, qui est hospitalisé et paralysé des pieds à la taille. Sa mère assistait à la rencontre par téléphone.
L’objectif de sa visite ? « Rassembler les gens (…), être une influence positive », avait affirmé Joe Biden lors d’une rare conférence de presse mercredi 2 septembre. « Nous devons panser les plaies », a encore dit le démocrate, qui dénonce le « racisme institutionnel » tout en rejetant les violences dans les manifestations.
L’ancien vice-président démocrate et son épouse devaient ensuite rencontrer des habitants de Kenosha. Ils feront ensuite une autre étape dans le Wisconsin.
« Loi et ordre »
À deux mois de l’élection présidentielle du 3 novembre, Joe Biden ouvre avec ce voyage une nouvelle phase, plus active, de sa campagne.
Alors que le candidat démocrate est resté pendant des semaines confiné chez lui à Wilmington, dans le Delaware, puis a limité ses déplacements de campagne à la région, son rival Donald Trump sillonnait les États-Unis, martelant un discours centré sur le retour de « la loi et l’ordre ».
Le président républicain ne sera d’ailleurs pas en reste jeudi soir, avec un discours prévu à Latrobe, en Pennsylvanie, un autre État stratégique dans la course à la Maison Blanche.
Marquée par la pandémie, qui a fait plus de 185 000 morts aux États-Unis, une profonde crise économique et une vague historique de colère contre le racisme, la campagne électorale cumule les facteurs inédits.
Et si Joe Biden devance le milliardaire républicain dans les sondages, le suspense reste entier à la faveur de scores plus serrés dans les États-clés, qui font et défont les victoires présidentielles aux États-Unis en basculant d’un parti à l’autre.
Les manifestations à Kenosha ? « Terrorisme intérieur » pour Trump
Dès lundi, Joe Biden, dont Donald Trump moque le « manque d’énergie » supposé, avait donné le signal qu’il adoptait un rythme plus soutenu de campagne, avec un discours à Pittsburgh, en Pennsylvanie.
Lors de sa visite à Kenosha, le président républicain avait inspecté les ruines de magasins brûlés, remercié la police et assimilé à du « terrorisme intérieur » les manifestations violentes.
La tension dans cette ville de quelque 100 000 habitants a culminé le 25 août, quand un jeune homme de 17 ans a tiré au fusil semi-automatique sur trois manifestants, faisant deux morts. Son arrestation le lendemain a ramené un calme précaire.
Donald Trump a refusé de condamner les actes du jeune homme, Kyle Rittenhouse. Ce partisan du président a été inculpé de meurtre avec préméditation. (Autre média)