Une lance, un bouclier et des peaux de bêtes : c’est en tenue traditionnelle de guerriers que des centaines de Zoulous ont salué samedi l’arrivée du corps de leur roi disparu la veille à 72 ans, dans son palais du Kwazulu Natal, en Afrique du Sud.
Traditionnellement, le corps du roi est exposé au palais avant les funérailles. Mais en raison de la pandémie de Covid-19, la royauté a annoncé samedi que le souverain défunt ne sera pas visible et appelé les gens à ne pas se rendre au palais.
«Les funérailles officielles seront diffusées en direct à la télévision, afin que la nation puisse honorer Sa Majesté depuis chez elle», a déclaré le prince zoulou Mangosuthu Buthelezi.
Après un demi-siècle de règne, Goodwill Zwelithini est décédé vendredi à l’aube. Il avait été hospitalisé en février, souffrant de diabète, et serait décédé de complications dues au Covid-19.
Dans l’enceinte du palais, des groupes d’hommes ont entonné, en marchant, des chants lancinants en langue zouloue, en hommage à leur souverain, selon des images retransmises par des télévisions locales.
Roi sans pouvoir dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, mais très écouté de son peuple et à la parole parfois incendiaire, il exerçait une influence morale sur plus de onze millions de Zoulous, le plus important groupe ethnique du pays.
Parti quelques heures plus tôt d’un hôpital de Durban, chef-lieu de la province du Kwazulu Natal (Nord-Est), le cortège de voitures conduisant la dépouille royale est arrivé dans la petite ville de Nangoma en fin d’après-midi.
Sur le bord des routes, des hommes et des femmes poussaient des cris aigus au passage des voitures. Des groupes d’«amathubo» (guerriers) en peaux de léopard étaient présents dès la sortie de l’hôpital.
Saluant «un symbole important de l’histoire», le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait annoncé la veille des funérailles nationales. Et les drapeaux resteront en berne dans tout le pays jusqu’au soir de l’enterrement.
Les chefs traditionnels sont reconnus par la Constitution et continuent à jouer un rôle symbolique en Afrique du Sud.
Aussi vénéré que controversé, Goodwill Zwelithini était notamment connu pour ses propos outranciers sur les étrangers, qu’il avait qualifiés notamment de «poux» ou de «fourmis». Ou encore sur les homosexuels «pourris».
La date des funérailles devait être déterminée samedi par la famille royale, qui devra aussi plancher sur un successeur au roi, pour l’instant encore inconnu. (Libération)