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GUINEE. Le nouveau Premier ministre veut jeter les bases du changement, et « partir »

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Le nouveau Premier ministre de transition guinéen Mohamed Béavogui a indiqué jeudi que son futur gouvernement s’emploierait sous l’autorité de la junte à jeter les bases d’un Etat « qui fonctionne » dans ce pays troublé et pauvre d’Afrique de l’Ouest, avant de céder la place à des civils à l’issue d’élections.

Son gouvernement devra faire en sorte de créer les conditions d’une administration et d’une justice qui marchent, alors qu’elles sont réputées dysfonctionnelles, et qui permettent la tenue des élections promises par la junte, a-t-il dit dans ses premiers propos après sa désignation.  

« Nous sommes là, comme l’a dit le président, pour servir, pour créer ces conditions, et partir », a-t-il déclaré à des journalistes devant sa maison à Conakry, signifiant qu’il n’avait pas d’ambition à long terme.

Un mois après le putsch qui a renversé le président Alpha Condé, le chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, investi chef de l’Etat entre-temps, a désigné mercredi soir Mohamed Béavogui, technocrate relativement peu connu, à la tête du futur gouvernement chargé d’administrer le pays pendant une période transitoire d’une durée toujours inconnue.

Le choix de ce expert du financement du développement, que sa carrière internationale a tenu éloigné des agissements d’une classe politique décriée, a reçu un accueil favorable parmi les Guinéens. Ces derniers,exaspérés par la pauvreté, la corruption et la répression, avaient déjà salué la fin des années Condé.

Mohamed Béavogui, 68 ans, « n’est pas impliqué dans tout ce qui s’est passé dans ce pays, il a les mains propres la conscience tranquille et l’esprit saint », dit Mohamed Sall, employé de banque de 53 ans à Conakry.

Mohamed Béavogui, dans ses premières déclarations, a inscrit son action dans les limites imparties par la junte. Le gouvernement et son chef répondent entièrement au colonel Doumbouya qui approuvera les noms proposés comme ministres et peut les révoquer, tout comme le chef du gouvernement.

« Mes priorités sont celles du CNRD », le Conseil national de rassemblement pour le développement, autrement dit la junte, a dit M. Béavogui.

– Réformes « irréversibles » –

Son gouvernement fera en sorte que « le pays fonctionne correctement. Nous n’avons rien à inventer, nous n’avons pas de plan quinquennal, ni de plan triennal », a-t-il dit. Il a décrit sa future équipe comme un « gouvernement de délivrables » clairs et précis, usant du jargon d’entreprise pour parler des objectifs assignés par la junte.

La junte a assuré qu’elle rendrait le pouvoir aux civils après des élections à la fin d’une période de transition. Durant cette transition, elle a dit vouloir procéder à une « refondation de l’Etat », rédiger une nouvelle Constitution, lutter contre la corruption, réformer le système électoral, organiser des élections et réconcilier des Guinéens divisés.

M. Béavogui a reconnu qu’il s’agissait d’un « très grand chantier qui ne sera probablement pas terminé » avec son gouvernement. Mais « nous voulons mettre en place des réformes qui seront irréversibles ».

Le Premier ministre « a des missions certes claires, mais dont l’accomplissement ne sera pas facile tant les défis qui attendent la Guinée sont importants, divers et variés », écrit le site d’informations Guinéenews. « Le nouveau Premier ministre risque d’être confronté à un paysage politique des plus compliqués en Afrique du fait de l’ethnocentrisme, érigé en règle de compétition électorale ».

Cependant, le choix de M. Béavogui « est un très bon choix », estime l’expert politique Kabinet Fofana, « il a un profil technocratique, chose essentielle vu tout ce qu’il y a à faire au cours de cette transition; le deuxième avantage, c’est qu’il n’est pas encarté politiquement, c’est très important dans un processus où il doit y avoir des élections ».

En nommant M. Béavogui, le colonel Doumbouya tient l’engagement de choisir un civil. M. Béavogui et les membres de son gouvernement ne pourront pas être candidats aux élections à la fin de la transition.

Mais la junte demeure sous la pression de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), inquiète de l’instabilité d’un de ses Etats membres et d’un effet de contagion des coups d’Etat. Elle réclame des élections sous six mois. Le colonel Doumbouya paraît résolu à prendre bien plus de temps. Les relations nouées par M. Béavogui au cours de sa carrière pourraient aider à arrondir les angles avec la Cédéao, notent des experts. (Afp)

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