Au quinzième jour de la guerre, un nouveau round de négociations entre l’Ukraine et la Russie n’a débouché sur rien. Les ministres des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba et russe Sergueï Lavrov se sont rencontrés jeudi matin à Antalya, sur le littoral turc de la Méditerranée, pour la première fois depuis le début de l’offensive, le 24 février. Pendant une heure quarante de discussions, «pas faciles mais civilisées», selon les mots du chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, qui a accueilli le sommet, les deux parties sont restées inflexibles. «Nous avons évoqué un cessez-le-feu mais aucun progrès n’a été accompli en ce sens», a déclaré Dmytro Kuleba, auquel son homologue russe aurait expliqué, entre autres, que la Russie «allait continuer [son] agression jusqu’à ce que nous acceptions leur demande de capituler». Mais «l’Ukraine ne s’est pas rendue, ne se rend pas et ne se rendra pas», a insisté le diplomate face aux journalistes.
«Nous n’avons pas attaqué l’Ukraine»
Sergueï Lavrov a, quant à lui, réitéré la rengaine de l’Ukraine comme un «projet anti-Russie», fomenté «de longue date» par les Occidentaux, qui représentait «une menace directe» à la sécurité russe. Il a également accusé Washington d’utiliser «le territoire ukrainien pour mener des expériences sur des agents pathogènes qui peuvent ensuite être utilisés pour créer des armes biologiques». Il a rassuré toutefois : «Nous ne prévoyons pas d’attaquer d’autres pays, d’ailleurs nous n’avons pas attaqué l’Ukraine.»
Le Kremlin est prêt à poursuivre le dialogue avec Kyiv, mais seulement, pour l’heure, dans le format «russo-ukrainien au Bélarus, qui n’a pas d’alternative», a dit Lavrov. Les trois sessions de pourparlers entre négociateurs russes et ukrainiens qui ont déjà eu lieu depuis le début de la guerre ont certes abouti à des cessez-le-feu locaux et à l’ouverture de corridors humanitaires pour évacuer les civils. Mais sans grand succès, car les bombes russes continuaient de tomber sur le port assiégé de Marioupol, au sud, ainsi que sur Kharkiv et Soumy, dans le nord de l’Ukraine. Une rencontre entre les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky – que ce dernier a demandée à plusieurs reprises –, n’est toujours pas à l’ordre du jour. Le Kremlin attend, comme préalable, qu’un accord soit trouvé.
«Cris pathétiques»
Mercredi, le bombardement d’un hôpital pédiatrique à Marioupol, tuant trois personnes, dont un enfant, a mis en émoi le monde entier et a été qualifié de «crime de guerre odieux» par l’Union européenne, d’un usage «barbare» de la force par les Etats-Unis. «Ce n’est pas la première fois que l’on entend des cris pathétiques sur les “exactions” des forces armées russes», a balayé Lavrov. Et d’expliquer, que, selon des informations obtenues par la Russie trois jours plus tôt, la maternité était une base pour le bataillon nationaliste «Azov», en soulignant que toutes les femmes enceintes avaient été préalablement évacuées. (Libération)