La loi interdisant l’achat de logements par les étrangers au Canada, votée au printemps dernier, est entrée en vigeur le 1er janvier 2023, pour une période de deux ans. Le premier ministre libéral canadien, Justin Trudeau, avait proposé cette mesure lors de sa campagne électorale pour les législatives de 2021. Dans le temps, il a affirmé que «la désirabilité des maisons canadiennes attire les profiteurs, les riches sociétés et les investisseurs étrangers» et que «les maisons sont faites pour les gens, pas pour les investisseurs». Cette décision s’incrit aussi dans un contexte de crise du logement majeure dans le pays, relevant d’une pénurie de maisons et appartements. L’objectif est donc de contenir l’augmentation du prix des loyers.
La communauté des Marocains résidant à l’étranger (MRE) est grandement présente au Canada, ce qui signifie qu’une partie des nationaux pourraient être, comme les autres étrangers, impactés par cette mesure. La dispora marocaine est particulièrement présente au Québec, à Montréal, qui reste la province la plus prisée et celle où la crise du logement est particulièrement forte. La loi prévoit, cependant, des exceptions pour les réfugiés ou les résidents permanents. Aussi, elle ne s’applique qu’aux résidences en ville. Elle ne concerne pas non plus les structures touristiques, comme les chalets d’été.
Citée par l’AFP, l’Agence nationale des statistiques a, par ailleurs, fait part de ses doutes concernant l’efficacité de la mesure, les étrangers représentant moins de 5% des propriétaires de logements au Canada. Pour les experts, la construction de logements neufs serait plus efficace et nécessiterait, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, la construction de 5,8 millions de nouvelles habitations d’ici 2030, afin de répondre à la demande, soit 2,3 de plus que ce qui est prévu à la construction.
D’autre part, c’est l’image du Canada qui est en jeu. L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) a affirmé que le pays s’est construit une réputation de nation multiculturelle, acceuillant des ressortissants du monde entier. Cette loi, empêchant les non-canadiens l’achat de propriétés résidentielles, pourrait impacter cette renommée.
Le Canada a connu un ralentissement de l’activité dans le secteur immobilier, sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt décidée par la Banque centrale, pour stopper l’inflation. Selon l’Association des agents immobiliers, le prix moyen d’une maison s’établissait à 630 000 dollars canadiens, ce qui correspond à 465 000 dollars américains ou 435 000 euros, le mois dernier, contre 800 000 il y a un an. (Yabiladi)