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IMMIGRATION. Trois ONG accusées par la justice italienne de complicité avec des passeurs libyens

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Trois ONG européennes sont accusées de collusion avec les passeurs libyens par la police italienne. Dans une enquête révélée par Le Temps, la police italienne soupçonne Save the Children, Médecins sans frontières et Jugend Rettet d’avoir convenu de points de rendez-vous avec des membres de milices libyennes pour récupérer plus facilement les migrants entassés sur des embarcations de fortune.

Les faits remontent à 2017 : 12 opérations de sauvetages entre le mois de mars et le mois d’octobre. Il a fallu trois années et 651 pages d’enquête à la police italienne pour envoyer leurs conclusions aux ONG accusées. Les trois organisations sont accusées d’avoir «contourné le système de secours mis en place par les autorités italiennes» et d’avoir collaboré avec des trafiquants d’êtres humains.

Des rendez-vous entre ONG et passeurs

La police s’appuie sur les rapports d’un officier infiltré sur le Vos Hestia le navire de l’ONG Save the Children, mais aussi sur des écoutes téléphoniques, des photos et des vidéos retrouvées sur les ordinateurs et les téléphones saisis lors de la perquisition du Vos Hestia en octobre 2017.

Les ONG se seraient entendues avec des milices libyennes pour être avertis des départs d’embarcation afin de pouvoir intervenir en premier. Selon Le Temps, un groupe Whatsapp intitulé «Humanitarian SAR» (pour «Search and rescue») servait à échanger les coordonnés GPS.

Dans le droit maritime, un navire qui croise un bateau en détresse est tenu dans un premier temps d’avertir le centre de coordination des opérations de sauvetage (MRCC) à Rome, qui dans un second temps lui assigne la mission de lui porter secours. Selon l’enquête, les ONG recevaient les localisations des navires de migrants en amont de la part des passeurs. Ils pouvaient alors se positionner au plus près des eaux territoriales libyennes et des navires attendus pour avertir le MRCC et se voir assigner les missions de sauvetage.

Lors d’un appel téléphonique du 23 mars 2017 récupéré par les enquêteurs, un responsable de Médecin Sans Frontière expliquait ainsi à son pilote avoir «rendez-vous à une vingtaine de milles nautiques» de là, et lui demandait de ne pas arriver sur place avant 5 heures du matin. Il aurait refusé de transmettre au centre de coordination de Rome l’information selon laquelle une embarcation de migrants était en route, avant d’être arrivé sur place.

Accords pour récupérer les embarcations

Sur certaines photos publiées par Le Temps, on distingue trois membres de la milice Dabbashi parlementer avec l’ONG Save the Children. Plus que de simples transferts d’informations, les enquêteurs soupçonnent les ONG d’avoir laissé les milices libyennes récupérer les embarcations utilisées afin de maintenir de bons rapports avec elles. Le 18 juin, lors d’une opération de sauvetage, des trafiquants étaient présents et ont directement interagi avec l’équipage du Iuventa de l’ONG allemande Jugend Rettet, selon l’enquête. Les passeurs ont pu repartir avec leurs barques motorisées.

En tout, 21 personnes sont mises en cause. Ils sont italiens, allemands, français, belges, britanniques et espagnols, membres des équipages des navires concernés, ou responsables des ONG. Ils encourent entre 4 mois et 20 ans de prison.

Les ONG ont refusé de répondre aux questions du Figaro, mais le 3 mars, MSF s’est fendu d’un communiqué pour dénoncer «les décisions de la justice», qui «allongent la liste des nombreuses tentatives de criminalisation du sauvetage en mer». L’ONG «rejette toutes les accusations et réaffirme la pleine légitimité de [son] action». MSF revendique avoir «sauvé plus de 81.000 vies en mer en vertu du droit maritime et en coordination avec les garde-côtes italiens et d’autres autorités compétentes». En mars 2020, l’Organisation internationale pour les migrations avait informé que 20.000 migrants avaient péri en Méditerranée depuis 2014. (Le Figaro)

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